Bonne nouvelle pour la santé, la planète et le porte-monnaie: les masques chirurgicaux peuvent être utilisés plus d’une fois, révèle l’étude d’un consortium français publiée dans Chemosphere.
Les chercheurs ont été réunis "pour trouver une solution à la pénurie de masques vécue au printemps 2020", notamment des façons de réutiliser ces protections.
Dans le cadre de cette étude, ils ont analysé un masque en polypropylène après 10 cycles de machine à laver et ont déduit qu’il en sortait "sans que ses capacités de filtration et respirabilité soient dégradées". Par contre, ils ont constaté "une perte des capacités d’anti-projection".
En outre, "un masque chirurgical lavé reste plus performant qu'un masque" en tissu, a souligné sur France info Philippe Cinquin, coordinateur scientifique du Centre d’investigation clinique du CHU de Grenoble et co-auteur de la recherche.
Précisément, sa filtration bactérienne s’établit à 98%, contre 90% pour les masques en tissu.
"Nous nous sommes arrêtés à dix lavages dans le cadre de notre étude mais on peut imaginer en faire plus", a détaillé Philippe Cinquin au Monde.
Selon lui, on peut prendre la décision de jeter le dispositif de protection "quand son apparence montre qu’il est abîmé et qu’il ne s’ajuste plus bien au visage".
Enjeux écologiques et économiques
Selon les recommandations de l’Association française de normalisation (AFNOR), le masque chirurgical est "à jeter dès qu’il est mouillé ou souillé". Un sondage d’Ipsos révèle que 4% des Français et jusqu’à 7% des moins de 35 ans en laissent parfois sur la voie publique par négligence volontaire. Un chiffre qui est l’"équivalent de près de deux millions de personnes rapporté à l’ensemble de la population".
"La proportion de plastiques correspondant à ces masques chirurgicaux représente 1% de tout le plastique en France", a constaté de son côté Philippe Cinquin sur France info.
Selon les chiffres de la Direction générale de la prévention des risques (DGPR), la bagatelle de 40.000 tonnes de déchets par an concerne ces protections. En cela, un calcul hypothétique des chercheurs français de l’initiative bénévole Adios Corona donne un résultat encore plus élevé: 100.000 tonnes de déchets non recyclables si chaque Français porte un masque à usage unique chaque jour durant un an.
Parmi les conseils de réutilisation d’Adios Corona figurent en outre les options de passer le masque chirurgical au four à 70°C pendant une heure ou de le laisser reposer pendant au moins sept jours ("si le masque a été peu exposé au virus et si vous n’êtes pas une personne à risque").
Les masques s’avèrent engloutir environ trois millions d’euros chaque semaine dans l’Hexagone, a calculé l’Institut Nielsen, dont les résultats sont relayés par Le Monde.
Ces dispositifs protecteurs sont "généralement significativement moins chers que les masques dits en tissu" et "s'ils peuvent être réutilisés jusqu'à 10 fois, on voit que le budget peut s'en trouver affecté", indique M.Cinquin à France info.
Tandis qu’"il revient aux autorités compétentes, en particulier le Haut conseil de la santé publique, de recommander le lavage des masques chirurgicaux", comme l’affirme M.Cinquin, les auteurs de l’étude résument:
"Une réutilisation des masques au grand public, en industrie et à l’hôpital (pas pour les interventions médicales) a d’importants avantages pour la gestion des déchets sans que la sécurité des personnes portant des masques usagés soit réduite".
Certaines entreprises se focalisent sur le recyclage, comme Plaxtil, à Châtellerault: les protections y sont transformées en billes de plastiques pour ensuite être employées pour fabriquer d’autres objets.