La popularité phénoménale de la série sud-coréenne Squid Game diffusée par Netflix depuis le 17 septembre inquiète des responsables éducatifs. Bien que la série ultraviolente soit déconseillée aux moins de 16 ans, ses scènes sont souvent reproduites par de jeunes élèves dans les cours de récréation. Heureusement, à la différence du drame, ce n'est pas la mort qui attend le perdant mais une "simple" agression physique.
De très nombreux écoliers français sont au courant de ce qui se passe dans la série qui leur est pourtant interdite, comme le montre un reportage réalisé par LCI.
La série devenue mégapopulaire raconte l'histoire d'un groupe de parias participant à un tournoi de jeux d'enfants. Celui qui perd le jeu perd tout de suite la vie de manière violente. Un seul participant devra survivre pour décrocher une somme rondelette comme récompense.
Des signaux inquiétants
Début octobre, les écoles communales belges d’Erquelinnes ont tiré la sonnette d'alarme en signalant des dérives recensées après la sortie de la série: "Nos élèves s’amusent donc à des jeux style 1-2-3 soleil (comme repris dans la série) et le perdant ou la perdante reçoit des coups".
"Nous comptons sur votre soutien et collaboration pour sensibiliser vos enfants aux conséquences que cela peut engendrer [...] Des sanctions seront prises vis-à-vis des enfants qui continueront ce jeu", ajoutent les pédagogues. Depuis la sensibilisation mise en place par les professeurs et la menace de sanctions, la situation semble s'être apaisée, rapportait plus tard la RTBF.
Dans la Suisse voisine, les autorités du canton de Vaud ont adopté des mesures de prévention après avoir plusieurs fois aperçu des écoliers jouer à "1, 2, 3, soleil" et imiter une exécution sur le perdant, relate Blick. "Nous vous demandons instamment de prendre le temps de discuter de cette situation avec votre enfant et de prendre les mesures qui vous paraissent appropriées en tant que parent", indique leur missive de sensibilisation.
Outre-Manche, l'école primaire John Bramston à Ilford a également écrit aux parents, les avertissant que les élèves mimaient des scènes de la série dans la cour de récréation, relate le Daily Star. "Nous déconseillons fortement aux enfants de regarder Squid Game" qui a beaucoup de contenu violent, dit le message. Une école du Kent a donné à ses élèves des leçons supplémentaires de sécurité et de prévention de la violence.
Un expert en sécurité en ligne a pour sa part exhorté les parents d'Irlande du Nord à être conscients de la nécessité d'activer le contrôle parental sur Netflix après des informations selon lesquelles des enfants d'âge scolaire copiaient des scènes de violence de la nouvelle série, relate le Belfast Telegraph.
Même constat aux États-Unis et en Australie, où une école primaire de Sydney a demandé aux parents de s'assurer que leurs enfants ne regardent pas la série populaire, qui dépeint "une violence extrême et gore", car les élèves imitent les jeux dans la cour de récréation, rapporte le Sydney Morning Herald.
Au Canada, le Centre de service scolaire des Rives-du-Saguenay a envoyé, à la suite de plaintes, un courriel aux parents d'enfants très jeunes pour les prévenir des effets que peut avoir le visionnage de ce programme violent, relate Radio Canada.
Le contrôle parental
Le ministre français de l’Éducation nationale s'est également préoccupé de ce phénomène scolaire. Invité sur LCI le 19 octobre, Jean-Michel Blanquer en a appelé à une “responsabilité” collective face à la diffusion de ce drame aux scènes de violence extrême.
“Il est évident qu’il y a la responsabilité des plateformes [...], peut-être faut-il envisager des mesures qui permettent un contrôle parental pour de vrai sur de tels sujets”, a-t-il indiqué après avoir visionné le reportage cité ci-dessus.
“Il y a bien entendu la responsabilité des parents. [...] Ne laissez pas les enfants seuls devant les écrans”, a ajouté le ministre.
Interrogé par Sputnik, le spécialiste russe de la psychologie enfantine Anatoli Severny, président de l'Association des psychiatres et psychologues pour enfants, lui a fait écho en soulignant le rôle de l'éducation familiale dans le comportement des écoliers.
Ainsi, les films et les jeux qui célèbrent la violence nuisent à la psychologie des enfants, a noté le spécialiste. D'autre part, les œuvres de ce genre permettent à certains de canaliser leur agression virtuellement ou dans un jeu et non dans la vie réelle. Tout dépend des particularités mentales de l'enfant et de ses réactions personnelles. Et celles-ci, à leur tour, "dépendent dans une énorme mesure de l'atmosphère qui règne dans la famille, de l'attitude de ses membres envers la violence, des relations au sein de la famille.
Les parents, souligne M.Severny, doivent veiller à tout expliquer à son enfant, de discuter avec lui des choses qu'il voit et non à lui interdire quoi que ce soit. Il importe de comprendre la nature de ses réactions et de créer une atmosphère saine dans la famille.
"Si papa passe régulièrement maman à tabac, toute interdiction ne servira à rien."
Un mégasuccès
La série dystopique en question a battu tous les records de visionnage avec plus de 130 millions de foyers atteints en moins d’un mois, ce qui donne le meilleur démarrage de série sur Netflix, constate la plateforme.
Le drame sud-coréen a déjà généré près d’un milliard de dollars de bénéfices pour Netflix, d'après un rapport de Bloomberg. Il va ainsi rapporter à la plateforme au moins quarante fois son investissement de départ.