La France "infantilise" la Centrafrique, s’indigne Bangui

La diplomatie française "s’acharne" et "infantilise" la Centrafrique, d’après la ministre centrafricaine des Affaires étrangères. Elle a dénoncé les allégations faites par Paris selon lesquelles le groupe de sécurité privé russe Wagner "confisquait la capacité fiscale de l'État" centrafricain.
Sputnik
La République centrafricaine a réagi à une violente sortie de la diplomatie française concernant la présence présumée de paramilitaires du groupe de sécurité privé russe Wagner sur le sol centrafricain.

"Il y a un acharnement [...] et un souhait d'infantiliser la République centrafricaine et ses autorités qui doivent s'arrêter", a déclaré à l'AFP Sylvie Mbaïpo-Temon, la ministre des Affaires étrangères.

Mme Mbaïpo-Temon s'est dite à ce sujet "stupéfaite" de la réaction "extrême" et "mensongère" du chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.

L’offensive diplomatique française

Ce dernier a accusé les mercenaires du groupe privé russe Wagner de se "substituer" à l'autorité de l'État en Centrafrique et d'accaparer sa capacité fiscale.

"Lorsqu'ils pénètrent dans un pays, ils multiplient les violations, les exactions, les prédations pour se substituer parfois même à l'autorité du pays", a déclaré le ministre invité sur France 5 le 18 octobre, ajoutant que les mercenaires "confisquent la capacité fiscale de l'État".

Le rôle des instructeurs russes

De son côté, la Russie, engagée depuis 2018 dans une coopération militaire avec le gouvernement de Faustin-Archange Touadéra, notamment pour former des militaires, a à plusieurs reprises déclaré que ses instructeurs restent dans le pays légalement, sur la base de contrats passés avec le ministère centrafricain de la Défense.
Le même jour, le 18 octobre, au cours d’une réunion du Conseil de sécurité de l’Onu concernant la Centrafrique, la Russie a réitéré que les instructeurs russes présents en Centrafrique "ne participent pas à des actions militaires".

"Ils améliorent le professionnalisme des forces armées centrafricaines. Grâce à cela, la situation militaire dans le pays s'est stabilisée", a déclaré l'ambassadrice russe adjointe, Anna Evstigneeva, lors de cette réunion.

Faustin-Archange Touadéra, Président de ce pays confronté à des violences depuis 2013 et classé par l’Onu parmi les pays les moins avancés au monde, a tenu également lors de cette réunion à remercier la Russie et le Rwanda pour la fourniture de "forces bilatérales" à Bangui : "L'arrivée des forces bilatérales nous a permis de réajuster nos options sécuritaires [...] et d'optimiser la protection des populations civiles".
Le 6 octobre, un responsable de la Communauté des officiers pour la sécurité nationale, qui fournit des services de formation militaire en Centrafrique, a précisé à Sputnik que 1.135 instructeurs militaires russes travaillaient dans le pays.
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