Intervenant devant la presse à l’issue de la réunion annuelle du Club de discussion international Valdaï, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a commenté la diatribe du Président turc à l’encontre d’"une poignée de pays" au sein du Conseil de sécurité de l’Onu et définissant le destin de l’humanité.
"L’éloquence du Président Erdogan est notoire. Il s’exprime librement sur des sujets différents. Je suis d’accord avec lui sur le fait que cinq membres permanents du Conseil de sécurité n’ont pas le droit de dicter le sort du monde. Mais ils n’en disposent pas et n’y prétendent pas. Les cinq ne prétendent qu’aux compétences stipulées dans la Charte de l’Onu", a-t-il signalé.
Réaction du Kremlin
Les propos de M.Erdogan ont également été commentés par le Kremlin.
"La Russie a été, reste et restera un membre dévoué de l’organisation, du Conseil de sécurité. Elle gardera son dévouement et sa fidélité à la Charte des Nations unies où tout est écrit", a signalé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
Il a rappelé que Vladimir Poutine avait récemment proposé aux membres permanents du Conseil de sécurité de se réunir pour discuter des défis se posant à l’humanité.
Un sujet qui le tourmente
En visite en Angola lundi 18 octobre, Erdogan s’en est pris une nouvelle fois aux cinq membres permanents.
"Le sort de l’humanité ne peut pas et ne doit pas être laissé à la merci d’une poignée de pays vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale. Alors que le monde évolue, la diplomatie, le commerce, les relations internationales subissent des changements radicaux, il est impensable que l’architecture de la sécurité globale reste la même", a-t-il affirmé.
Le lendemain il est revenu sur le même sujet en s’adressant en vidéoconférence aux participants du forum TRT World 2021.
"Des réformes de l’Onu et d’autres structures internationales sont inévitables. Le système actuel n’a pas de perspectives, car dans celui-ci le monde islamique n’a pas suffisamment de droits et les intérêts des pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie du Sud sont ignorés. Formé à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, ce système ne répond pas aux défis modernes, ne peut pas garantir la paix et l’équité et est voué à engendrer de nouvelles crises."
Un autre exemple de l’"éloquence" de Recep Tayyip Erdogan sur la nécessité de réformer l’Onu et le Conseil de sécurité avait été présenté aux journalistes turcs fin septembre lors de son déplacement aux États-Unis:
"Je parle constamment dans l’enceinte de l’Onu de cette mesure radicale. Si les 189 pays, sauf cinq, font résolument ce pas, nous acculerons au mur ces membres permanents".