Otan-Russie: Paris déplore la rupture, pour Moscou il n’y avait "rien à rompre"

Les derniers canaux de communication Russie-Otan ont été coupés à l’initiative de la partie russe, qui dénonce une "ligne de plus en plus agressive" de l’Alliance atlantique. Tandis que les pays de l’Otan regrettent majoritairement une telle décision, la Russie dénonce qu’il n’"y avait rien à couper".
Sputnik
La Russie a annoncé, lundi 18 octobre 2021, suspendre sa mission de représentation auprès de l’Otan et celle de l’Otan à Moscou, après le retrait des accréditations auprès de l’Alliance de huit représentants russes, accusés d’espionnage.
Comme de nombreux membres de l’Alliance, la France regrette la décision de Moscou. Paris a toujours prôné la nécessité de préserver les canaux de dialogue entre l'Otan et la Russie, a déclaré un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
"Depuis 2014, la France a pour sa part constamment défendu la nécessité de conserver les canaux de dialogue entre l’Otan et la Russie, notamment au travers du Conseil Otan-Russie", annonce le site du ministère des Affaires étrangères.
La porte-parole de l'Alliance, Oana Lungescu, a fait écho à la diplomatie française, regrettant la décision.
"La politique de l'Otan envers la Russie reste cohérente", a-t-elle néanmoins ajouté. "Nous avons renforcé notre dissuasion et notre défense en réponse aux actions agressives de la Russie, tout en restant ouverts au dialogue, y compris par le biais du Conseil Otan-Russie".
Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a qualifié l'annonce de "plus que regrettable" et a déclaré qu'elle prolongerait les "relations glaciales" entre la Russie et l'Otan.
"Nous sommes prêts au dialogue, mais devons comprendre que ce n'est plus le cas avec Moscou", a déclaré M.Maas aux journalistes à Luxembourg.

Aucune réaction de l’Otan

Le porte-parole du Kremlin, répondant à une question des journalistes sur la rupture des relations avec l’Alliance, a déclaré qu’il n’y avait rien à rompre. "Il n'y aura aucune conséquence. Il n'y avait rien à rompre. Il n'y avait aucune relation", a déclaré Dmitri Peskov.
En marge d’une session du club de discussion Valdaï, le ministre russe des Affaires étrangères, qui a annoncé lundi la rupture des liens avec l’Otan, a également abordé la situation. Il a noté que les échanges d'informations avec le siège de l'organisation avaient disparu depuis longtemps.
"J'ai déjà dit comment tout a commencé et comment les membres de l'Otan eux-mêmes ont simplement +enterré+ la règle principale derrière la création du Conseil Russie-Otan", a noté Sergueï Lavrov, évoquant la nécessité de consulter d'urgence en cas de crise.
Le chef de la diplomatie a rappelé qu'il y a deux ans la Russie avait proposé de se mettre d'accord sur le retrait des exercices de la ligne de contact et sur des distances minimales qui ne devraient être violées par aucun avion et navire de guerre. L’Alliance a laissé la proposition sans réponse.
Selon le ministre, la réponse de la Russie à la dernière expulsion de diplomates est "un pas réciproque contre trois pas de l'Otan", puisque la représentation russe de l'organisation a été réduite à trois reprises.
La décision de Moscou intervient après des énièmes accusations d’espionnage. Début octobre, l’Otan avait annoncé retirer l’accréditation de huit membres de la mission russe à Bruxelles. Ils ont été accusés d’être des "agents de renseignements russes non déclarés". Dans la foulée, le chef de l’Alliance, Jens Stoltenberg, avait accusé Moscou d'"activités malveillantes" en Europe. La Russie a ainsi pris acte en estimant que l’Otan avait démontré son refus de normaliser les relations.
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