Alors que le procès historique des attentats du 13 novembre se déroule à Paris, Le Monde a publié un portrait de Patrick Jardin, qui avait perdu sa fille au Bataclan, en le qualifiant de "père haineux". Le quotidien a dû modifier le titre face à la polémique provoquée. M. Jardin a cependant annoncé vouloir porter plainte.
Nathalie Jardin a été tuée en 2015 au Bataclan lors de ces attentats islamistes ayant fait 130 morts. Son père, 68 ans, ne s’est jamais remis de ce drame et se dit "incapable de pardon", sans pouvoir accepter l’état d’esprit d’une partie des victimes et de leurs proches. Il "envoie régulièrement des lettres d’insultes aux associations de victimes", selon Le Monde.
"Pour moi, c’est incompréhensible et parfois je me surprends à me demander si je suis normal ou si ce sont eux qui ne le sont pas", a-t-il avoué. Or, dans un entretien accordé à "Morandini Live" sur CNews, il a dit devoir "mettre de l'eau dans mon vin" sur le travail de ces associations qui font, selon lui, un travail utile.
Il salue le terrorisme anti-islam
Qui plus est, ajoute Le Monde, ce père inconsolable est devenu, depuis les attentats, une sorte d'"icône anti-islam", surtout après la campagne contre l'organisation au Bataclan d'un concert du rappeur Medine. Expliquant cela dans "Morandini Live", il a précisé qu'il était impossible pour lui qu'un "islamiste" vienne y jouer. Il a souligné qu'il n'appelait pas à des actes de violence mais était très content de l'annulation de ce concert "abject".
Ses comptes sur les réseaux sociaux sont pourtant régulièrement signalés et très souvent bloqués, poursuit le quotidien. Il a ainsi salué sur son blog la tuerie commise par le terroriste de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, lequel a ouvert le feu dans deux mosquées et tué 51 personnes le 15 mars 2019.
"Je ne me calmerai jamais, je n’ai rien à perdre", a-t-il affirmé au Monde. Or, de nombreux internautes le soutiennent dans les commentaires, en lui disant des choses comme "Nous sommes avec vous", et condamnent l'article.
C'est surtout le mot "haine" qui a suscité la polémique. Dans son entretien sur CNews, Patrick Jardin a expliqué: "N'avoir ni l'amour ni la haine c'est être indifférent. Et on ne peut pas être indifférent à la mort de sa fille. Alors oui, j'ai la haine".
Un titre changé
L'intéressé a publié, le 18 octobre, un tweet disant qu'une "plainte en diffamation a été déposée ce matin, je n’ai jamais fait de politique, je n’ai jamais fait partie d’AFO et ils ont utilisé une photo de moi sans mon autorisation".
Il s'agit là du passage suivant de l'article du Monde: "Son nom était alors apparu dans l’entourage d’un groupuscule d’ultra-droite, l’Action des forces opérationnelles (AFO), dont les membres projetaient d’empoisonner de la nourriture halal dans les rayons de supermarchés". Sur CNews, Patrick Jardin a tenu à souligner qu'il y avait des connaissances mais qu'il "n'a jamais fait partie de ce mouvement".
Face à l'indignation massive, Le Monde a finalement modifié le titre de son article, en mettant "colère sans limites" au lieu de "haine".
À présent, M. Jardin suit à distance, à l'aide d'une webradio, le procès des terroristes ayant assassiné sa fille. Ce sera à son tour de témoigner à la barre le 26 octobre. "J'aurai toujours la haine parce que j'ai perdu ma fille", a-t-il conclu sur CNews.
Le drame
Le bilan officiel des victimes des attentats du 13 novembre 2015, les plus meurtriers perpétrés en France, fait état de 130 morts et 413 blessés hospitalisés. Cette série de fusillades et d'attaques suicides islamistes perpétrées dans la soirée à Paris et dans sa périphérie par trois commandos distincts a été revendiquée par Daech*.
* Organisation terroriste interdite en Russie