Le chef d’État biélorusse Alexandre Loukachenko a accusé la Pologne et la Lituanie de favoriser les déplacements des clandestins vers l’Allemagne et d’autres pays de la partie occidentale de l’Union européenne (UE), relate ce lundi 18 octobre l’agence de presse Belta.
"La Pologne et la Lituanie inculpent délibérément la Biélorussie de provoquer de façon soi-disant artificielle une crise migratoire. Mais ce faisant ils organisent eux-mêmes des opérations pour canaliser les déplacements des migrants de leurs centres de détention vers l’Allemagne et la France, en violant les droits de l’homme de manière massive et cynique", a déclaré le Président de la Biélorussie.
Selon lui, la Pologne et la Lituanie permettent "intentionnellement" aux clandestins de quitter les centres de détention tout en réalisant que les migrants ne prévoient pas de rester sur les territoires polonais et lituanien, aussi bien que la Biélorussie n’est pas la destination finale de cette migration.
"Ils [les migrants, ndlr] sont venus et ils vont plus loin. Ils se dirigent vers l’Allemagne, vers des pays +plus chauds+, comme ils le disent. Les Polonais et les Lituaniens le réalisent et les laissent quitter les centres de détention. Et les Allemands les arrêtent par milliers déjà sur leur territoire. Nous avons toutes ces données", a constaté M.Loukachenko.
Il a expliqué qu’il disait cela pour que les Allemands et les Français puissent "se réveiller" et voir ce qui se passe dans la réalité avec les migrants en Pologne et en Lituanie.
"Qu’ils [les pays de l’UE, ndlr] comprennent eux-mêmes qui laisse ces migrants sur les Allemands et les Français", a lancé le Président de la Biélorussie.
Crise Biélorussie-UE
Les déclarations du chef d’État biélorusse interviennent sur fond de bras de fer avec Bruxelles au sujet des migrants, l’UE accusant Minsk d'envoyer des immigrants sans papiers vers la Pologne et les pays baltes.
Depuis le mois d'août, des milliers de migrants, originaires pour la plupart du Moyen-Orient et d'Afrique, tentent de franchir la frontière polonaise depuis la Biélorussie.
Dans le cadre d’une réunion des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept, qui se tient ce lundi 18 octobre à Luxembourg, le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a évoqué une fois de plus une "situation dramatique" dans le domaine des droits humains en Biélorussie pour accuser Alexandre Loukachenko d’"instrumentaliser les réfugiés afin de faire pression" sur l’UE.
"Loukachenko n'est rien d'autre que le chef d'un réseau de contrebandiers", a déclaré M.Maas aux journalistes.
Plus tôt, les autorités allemandes ont entamé une enquête sur l’implication présumée du Président biélorusse dans le transit de clandestins vers l’Allemagne. Selon les estimations allemandes, depuis août 2021, près de 4.000 clandestins ont traversé la frontière orientale du pays.
En réponse aux sanctions et une "guerre hybride" de l’Europe contre Minsk, Alexandre Loukachenko avait précédemment prévenu que son pays cesserait d’empêcher le transit de clandestins et le transfert de drogue vers l’UE, bloqués par les services de sécurité de la Biélorussie.
Retour d’ambassadeurs
"En raison d’une non-présentation par l’ambassadeur de ses lettres de créance à M.Loukachenko" depuis août 2020, comme indique elle-même l’ambassade de France à Minsk, l’ambassadeur de France en Biélorussie, Nicolas de Bouillane de Lacoste, a quitté ce pays le 17 octobre 2021 à la demande des autorités biélorusses.
L’ambassadeur de Biélorussie en France a été convoqué à Minsk pour consultations, a annoncé ce lundi 18 octobre le ministère biélorusse des Affaires étrangères.