Une "taupe" au service de la Russie officiait au sein du cabinet du ministère français de la Défense, a indiqué l’ancien directeur du service de renseignement extérieur (DGSE), Bernard Bajolet (2013-2017), dans un documentaire diffusé le 17 octobre sur France 5.
Ce qu’il a laissé entendre
Dans ce documentaire consacré à Vladimir Poutine, M. Bajolet a parlé d’un "espion" russe travaillant pour le cabinet du ministre d'alors, Jean-Yves Le Drian, sans mentionner de preuves ou d’autres détails. "En effet, quand j'étais directeur général de la sécurité extérieure, je l'avais fait remonter" à l'exécutif, s’est-il contenté de déclarer.
Il a notamment souligné que l’espionnage international n’avait jamais cessé.
"Dans les années précédentes on disait tout ça c'est terminé, après la guerre froide, on n'a plus à perdre son temps contre des espions qui n'existent plus [...] la priorité ce sont les affaires de terrorisme, mais pour autant, on voit bien que les activités d'espionnage n'avaient pas du tout cessé, et que les moyens que mettent les Russes, les Chinois, mais aussi d'autres, les Américains, ne nous voilons pas la face, n'ont jamais été aussi importants".
Par ailleurs, la journaliste de France 5 qui interrogeait l’ex-responsable a déclaré que la chaîne avait reçu une déclaration du cabinet de Le Drian. Selon elle, les informations sur la "taupe russe" ont été "confirmées". Toutefois, le cabinet s'est dit lundi 18 octobre "très surpris des déclarations d’un ancien DGSE qui sait que cette typologie d’affaires est classifiée" et affirme qu'à "aucun moment le cabinet de Le Drian n’a été mis en difficulté."
À l’époque, les informations sur un espion au sein de la Défense avaient été relayées par Mediapart. Le journal avait écrit qu’un espion du service de renseignement militaire russe avait recruté une "taupe" au sein du cabinet de Jean-Yves Le Drian.
Rétropédalage
Au vu des remous que ses informations sont en train de provoquer, Bernard Bajolet a dû apporter dès le lendemain des précisions dans un communiqué à l'AFP.
"En aucun cas ma réponse ne peut être considérée comme une confirmation de la réalité des allégations dont a fait état Mme [Caroline] Roux [journaliste de France 5, ndlr] sur la présence d'un agent étranger dans le cabinet d'un ministre de l'époque", affirme-t-il.
L’ex-responsable a fait noter n'avoir "jamais voulu réagir à un cas individuel ni mentionner un cabinet en particulier, mais voulu souligner l’intensité des activités d’espionnage menées à l’encontre de notre pays par des puissances étrangères, dont la Russie, et l’importance de la fonction de contre-espionnage confiée aux services de renseignement".