"Apaiser la ville": Paris se dote d’une police municipale désarmée

La ville de Paris inaugure sa première promotion de police municipale. En jouant la carte de la proximité, ses agents ne disposeront pas d’arme à feu. Si la mairie promet "une révolution en termes de sécurité à Paris", le groupe écologiste s’interroge déjà sur les capacités techniques de la ville à organiser son bon fonctionnement.
Sputnik
Les trottinettes sur les trottoirs, le dépassement des 30 km/h, les dépôts sauvages, les jets de mégots, le tapage nocturne, les nuisances sonores provoquées par des deux-roues motorisés… Ce sont désormais les policiers municipaux parisiens qui vont lutter contre ces incivilités.
La maire PS de Paris Anne Hidalgo a intronisé ce 18 octobre 154 agents de police municipale. Dès le 19 octobre, ils seront répartis entre les divers arrondissements de Paris. Les patrouilles seront effectuées à vélo avec une attention particulière pour les soirs et les weekends, rapporte LCI.
Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo, dans une interview au Parisien le 14 octobre, a qualifié l’événement de "révolution en termes de sécurité à Paris".

Pour calmer la ville

"C'est apaiser la ville. Paris est une ville bruyante, avec des deux-roues motorisés qui font du bruit, avec aussi des tapages dans l'espace public. Nos agents seront là aussi pour pouvoir verbaliser et lutter contre cette ville parfois trop bruyante", a expliqué ce 18 octobre Nicolas Nordman, adjoint à la sécurité de la mairie de Paris, dans une interview à Franceinfo.

D’après lui, ce sont les maires des arrondissements parisiens qui vont prioriser les tâches des policiers municipaux.
En démarrant avec 154 hommes et femmes, la ville veut parvenir à l’effectif de 3.400 personnes en 2026. Actuellement, la municipalité recrute 400 policiers et policières municipaux.

Sur le non-port d’arme à feu

Point crucial: les policiers municipaux à Paris ne seront pas dotés d’arme à feu. De telle manière, il y aura "une distinction extrêmement forte, nette" avec la police nationale, d’après l’adjoint.

"Nous avons fait le choix de ne pas les doter d'armes létales. Pour les missions que nous leur confions, nous pensons qu'il n'est pas nécessaire qu'ils soient dotés d'armes létales", a avancé Nicolas Nordman toujours à Franceinfo.

Néanmoins, les policiers seront équipés d'armes de défense, de gilets par balles, matraques et gaz lacrymogènes. Les agents seront présents sur le terrain jusqu’à minuit ou deux heures du matin en période estivale, contre 23 heures en période normale, a fait savoir Nicolas Nordman au Parisien le 14 octobre.

Les critiques

Dès son apparition, la police municipale est déjà devenue l'objet de critiques de la part de certains groupes politiques. Ainsi, les écologistes de Paris ont réitéré ce 18 octobre leur "opposition" au projet, ont-ils fait savoir dans un communiqué.
"Le groupe écologiste de Paris s’interroge sur la capacité de la ville à créer aussi rapidement une police municipale opérationnelle et bien formée. Nous n’avons reçu à ce jour ni aucun élément de cadre budgétaire, ni de planning de recrutement ou de formation complémentaire, et nous attendons encore des informations précises sur la question des locaux", a déclaré Fatoumata Koné, présidente des écologistes au conseil de Paris.
Sylvain Maillard, député parisien LREM, regrette que la police ne soit pas armée, ce qui selon lui serait un dommage "pour la sécurité de tous".

Plus de moitié des policiers municipaux armés

À l’échelle nationale, plus de 58% des policiers municipaux sont dotés d’une arme à feu, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur au 31 décembre 2020, les départements du sud-est de la France comptant le plus de policiers armés, avec près de 90% dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse.
Selon la réglementation en vigueur, c’est aux collectivités de décider de l’armement ou non de leurs agents. Suite à une demande faite par le maire au préfet du département, ils peuvent disposer d’un revolver ou pistolet qui doit être porté de façon continue et apparente. Les armes ne doivent être utilisées que dans le cas très précis de la légitime défense définie par le code pénal.
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