Évaluer le risque d’attraper le Covid: un test grandeur nature dans une boîte de nuit de Paris

Même si les boîtes de nuit ont rouvert le 9 juillet dernier, le SARS-CoV-2 circule toujours, en particulier le variant Delta. Les chercheurs ont décidé de mener une expérience dans une discothèque à Paris pour estimer les risques.
Sputnik
Un projet à l’appellation romantique Reviens la nuit devrait être lancé ce dimanche 17 octobre, de 16 à 23 heures à la Bellevilloise et à la Machine du Moulin Rouge, à Paris, pour évaluer le risque de transmission du Covid en discothèque.
Les organisateurs prévoient la tenue d’une soirée en jauge pleine entre personnes entièrement vaccinées et sans masque et avec la participation de plusieurs artistes, comme Laurent Garnier, Rag ou Roni. Les participants -4.400 bénévoles âgés de 18 à 49 ans- seront séparés en deux groupes: 2.200 personnes iront faire la fête, tandis que les 2.200 autres ne se rendront pas à la soirée. Il suffira de comparer les résultats.
"Les résultats obtenus contribueront à faire avancer la recherche sur le Covid-19 et permettront d'envisager des protocoles sanitaires pour une ouverture pérenne de ces lieux de fêtes", expliquent l'ANRS Maladies infectieuses émergentes et les chercheurs de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui coordonnent l'étude.
Les chercheurs espèrent ainsi collecter de nouvelles données sur la transmission du coronavirus parmi "une population vaccinée en situation de promiscuité", ainsi que sur l'efficacité des mesures de contrôle à l'entrée des lieux de fête et "sur la pertinence d'un test négatif de moins de 72 heures".
"Compte tenu de la situation sanitaire actuelle, une attention particulière sera portée sur l’évaluation de la circulation du Delta", précise le communiqué.
Les chercheurs constatent que la fermeture des lieux de culture et de divertissement avait eu "un impact délétère sur la santé mentale des Français" et que l’expérience permettra de préciser les voies de transmission du virus au sein d’un groupe de personnes vaccinées, ce qui constituera "un réel engagement aux côtés des discothèques".
"Participer à cette expérimentation scientifique c’est chercher une solution pour ne pas refermer ces lieux en cas de recrudescence de l’épidémie", soulignent-ils.

Reportée faute de volontaires

C’est dans un communiqué publié le 29 septembre que les organisateurs avaient annoncé la tenue de cette soirée-test grandeur nature dans une discothèque.
Un site spécial baptisé Reviens la nuit avait été ouvert pour que les volontaires puissent s'inscrire. Et si, a priori, l’expérience semble intéressante, la soirée, qui devait à l'origine se tenir en juin, avait été annulée faute de volontaires.
Après 15 mois de fermeture, les boîtes de nuit ont rouvert le 9 juillet avec une jauge fixée à 75% en intérieur et 100% en extérieur uniquement pour les détenteurs d’un pass sanitaire. Le port du masque y est recommandé, mais pas obligatoire, avait indiqué le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance.

Étude similaire

Une opération du genre avait été lancée en Allemagne en juillet 2020. Un concert du chanteur Tim Bendzko avait finalement rassemblé quelque 1.500 personnes à Leipzig.Le but de l’étude était également d’évaluer le risque de transmission du Covid, alors que les grands événements n’étaient autorisés dans le pays que pour un maximum de 1.000 personnes.
La situation était pourtant tout autre puisqu’aucun vaccin n’avait encore été enregistré dans le monde. Les participants à l’expérience portaient des masques FFP2 et avaient passé autour du cou de petits "traceurs" transmettant un signal dans un rayon de 30 mètres pour collecter les données sur les mouvements de chaque personne et sur sa proximité avec les autres membres du public. En outre, ils se désinfectaient les mains avec un produit fluorescent afin que les scientifiques puissent identifier les surfaces par lesquelles la contamination par le virus est la plus susceptible de se produire.
Les résultats ont été présentés lors d’une conférence de presse le 29 octobre et relatés par Pollstar. Conclusion principale: le nombre de contacts critiques n'était pas très élevé et pouvait être réduit davantage avec de bons concepts d'hygiène.
"Par conséquent, des événements peuvent avoir lieu même dans une situation de pandémie dans certaines conditions", avait indiqué Stefan Moritz, de l'université de Halle, qui a dirigé l'étude.
Il a cependant mis en relief l’importance "d'une bonne technologie de ventilation qui est un élément clé en matière de risque de contagion".
Les chercheurs ont également conclu à la nécessité de maintenir les concepts d'hygiène, notamment le port obligatoire de masques à l'intérieur de la salle et la présence d’employés veillant au respect des règles.
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