Si les hommages politiques se sont succédé après le récent décès de Bernard Tapie, le monde du sport n’est pas en reste. Fondateur de l’équipe cycliste "La Vie claire" en 1983, avec laquelle il remporta deux Tours de France, l’homme d’affaires était surtout connu pour avoir dirigé l’Olympique de Marseille pendant près de huit ans.
Un règne que les supporters marseillais n’ont pas oublié. Certains souhaiteraient désormais voir le stade Vélodrome rebaptisé en son honneur. Une pétition a même été mise en ligne dans ce but. Mais l’initiative devrait se heurter à des obstacles juridiques, rapporte Franceinfo.
Si la cité phocéenne est toujours propriétaire du stade, elle n’est en effet plus décisionnaire. La structure est désormais gérée par le consortium Arema, qui a signé un contrat avec Orange, pour justement renommer l’enceinte "Orange-Vélodrome" en 2016.
"La mairie de Marseille ne peut pas dire +demain matin, ça va s'appeler le Bernard Tapie Vélodrome+. On ne peut pas casser un contrat, on n'a pas ce pouvoir", explique ainsi à la radio publique Sébastien Jibrayel, adjoint aux sports de la ville de Marseille.
Le règne du "naming"
Cette pratique du "naming" s’est développée dans le monde du football depuis plusieurs années, notamment en Allemagne. De nombreux stades ont été rebaptisés aux noms de marques, dans le cadre de juteux contrats. L’Europe a ainsi vu fleurir des Emirates Stadium (Arsenal) ou des Allianz Arena (Bayer Munich) à l’orée des années 2000.
Un procédé souvent pointé du doigt comme une dérive du foot-business, comme l’explique à Franceinfo l’écrivain et journaliste Jean-Michel Verne.
"C'est dommage que l'argent domine comme ça le football, qu'on soit tributaires de contrats. L'histoire du Vélodrome a complètement échappé aux Marseillais […] Le contribuable marseillais paie des fortunes pour le stade Vélodrome et en même temps il ne peut pas prendre de décisions sur le fait de renommer le stade", déclare-t-il.
Il faut dire que le stade Vélodrome pèse lourd sur les impôts locaux. En février, le maire de Marseille, Benoît Payan, avait parlé de "gabegie financière" lors d’un échange sur Facebook, assurant qu’il voulait désormais vendre la célèbre enceinte. "Quinze millions d'euros de la poche des Marseillaises pendant 30 ans, terminé!", avait-il lâché.
"C’est un escroc!"
Mais l’idée de rebaptiser le stade Vélodrome en stade Bernard Tapie ne fait forcément pas l’unanimité. Certains se sont en effet demandé si les affaires judiciaires à répétition de l’ancien ministre de la Ville devaient lui valoir cet honneur.
"C'est un escroc, on ne donne pas le nom d'un voyou à un stade! Il a sali le football, il est discrédité! C’est comme si on donnait le nom de Dominique Strauss-Kahn à un couvent!", s’est notamment indigné le journaliste Périco Légasse sur RMC.
L’ère Bernard Tapie à l’Olympique de Marseille a en effet été émaillée de succès éclatants comme de scandales retentissants. Sous sa tutelle, les Marseillais ont notamment gagné la Ligue des Champions en 1993, le seul trophée européen d’ampleur remporté par un club français.
Quelques jours plus tard avait explosé l’affaire du match truqué Valencienne-OM. Au cœur du dossier, Bernard Tapie avait été condamné à de la prison ferme pour subornation de témoins. "J'ai menti, mais c'était de bonne foi", avait-il lancé lors du procès, avec sa gouaille légendaire.