Alors que le candidat Macron avait promis de construire 15.000 places de prison durant son quinquennat -objectif qui ne sera pas tenu-, Éric Dupond-Moretti est revenu sur la difficulté de faire sortir de terre des établissements pénitentiaires.
En commission des lois de l’Assemblée nationale, le garde des Sceaux a notamment déploré la mauvaise volonté des élus locaux. Il s’est agacé des excuses farfelues parfois fournies pour repousser les chantiers.
"Ceux qui appellent le plus à la construction de prisons sont totalement absents quand il s'agit d’en construire sur leur circonscription […] Si vous saviez les excuses abracadabrantesques qui sont présentées! Je vous en cite une. On m’a dit: "Vous ne pouvez pas construire de prison ici, car traditionnellement on fait chaque année une battue de sangliers"", a déclaré le ministre en commission.
Éric Dupond-Moretti a également admis que la construction d’établissements pénitentiaires avait été ralentie par la crise sanitaire. Il a réaffirmé que 7.000 places de prison étaient déjà sorties de terre ou seraient construites à l’horizon 2022.
Promesse non tenue?
La construction de places de prison avait déjà donné lieu à une petite bataille de chiffres début septembre. Sur Cnews, Robert Ménard avait en effet affirmé que seules 1.657 places avaient été réellement construites, et non 7.000 comme l’assuraient Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti. Contacté par France info, le ministère de la Justice avait admis que 2.000 places avaient pour l’heure été "mises en service".
Quoi qu’il en soit précisément, cela reste donc très loin des 15.000 places promises par Emmanuel Macron durant sa campagne présidentielle de 2017. Dès son arrivée au pouvoir, le Président avait d’ailleurs concédé que son objectif ne serait pas atteignable en un seul mandat et avait rééchelonné les constructions sur dix ans.
"Les contraintes immobilières mécaniques ont conduit à ce qu’on m’explique que c’était impossible d’en faire 15.000 même durant un quinquennat, qu’on pouvait au maximum en faire 7 000. Dont acte", s’était ainsi justifié le chef de l’État sur France info, en 2018.
Le dossier pourrait d’ailleurs s’avérer brûlant dans les mois à venir pour Emmanuel Macron, puisque d’autres candidats à la future présidentielle veulent faire de la construction de prisons un cheval de bataille. En déplacement à Saint-Quentin (Aisne), Xavier Bertrand a ainsi plaidé pour 20.000 places supplémentaires, ainsi que pour l’expulsion systématique des délinquants étrangers en fin de peine.
En marge de ces nouveaux chantiers, des travaux de démolition sont également entrepris, qui voient parfois disparaître des bâtiments iconiques. L’historique prison des Baumettes à Marseille, théâtre des dernières exécutions capitales en France, devrait ainsi disparaître d’ici peu sous les pelles des bulldozers.