Facebook a bloqué une fois de plus une publication comportant le nom d’un artisanat traditionnel russe, dont le nom ressemble à un terme qui désigne de manière péjorative les Ukrainiens.
La publication en question portait sur le lanceur Soyouz qui est orné de motifs de Khokhloma en l’honneur du 800e anniversaire de Nijni Novgorod, l’une des principales villes de la Russie.
La Khokhloma est une décoration laquée de meubles et d'objets de vaisselle en bois, aux motifs floraux. Les principales couleurs en sont le rouge, le vert et le noir sur fond doré.
L’auteur de la publication bannie, Vitaly Egorov, journaliste russe et fondateur de la communauté baptisée "Otkrity Kosmos" ["Espace ouvert" en français, ndlr], a relayé des images montrant la réaction de la plateforme. Selon celle-ci, son post ne respecte pas ses normes et incite à la haine raciale.
Bien que Facebook ne dévoile pas les propos exacts pris pour cibles par cette restriction, le journaliste l’associe au mot "Khokhloma", proche du terme "khokhol" qui a plusieurs significations et peut servir de surnom railleur pour les Ukrainiens.
Plus tard, Vitaly Egorov a fait savoir que Facebook avait restitué la publication et s’était excusé de cette décision erronée, après avoir pris connaissance de la signification du terme en question.
Ce lanceur Soyouz 2.1a devrait s’envoler le 28 octobre depuis le cosmodrome Baïkonour pour acheminer le vaisseau cargo Progress MS-19 vers la Station spatiale internationale (ISS).
En 2020, le directeur général de Roscosmos, Dmitri Rogozine, avait proposé de décorer des fusées avec des motifs de Khokhloma ou de Gjel pour préserver les traditions de l’artisanat russe, ainsi qu’avec des blasons des villes russes de l’anneau d’or pour promouvoir le tourisme intérieur.
Cas similaires
Auparavant, de nombreuses publications avaient temporairement été retirées par le géant du numérique pour cette même raison, et ce depuis 2015. Entre autres, des publications d’un extrait de poème d’Alexandre Pouchkine, poète russe du XIXe siècle, comportant le mot "khokhol" ont été censurées. À l’époque, le terme avait une connotation neutre et servait de synonyme.
Fin septembre dernier, l’entraîneur d’une équipe de foot russe, Dmitri Khokhlov, a intenté une action en justice contre la plateforme américaine car elle bannit les utilisateurs citant son nom sur Facebook et Instagram. Selon l’entraîneur, les comptes concernés restent bloqués pendant une semaine.
M.Khokhlov a estimé son préjudice moral à hauteur de 150 millions de roubles (2,09 millions d’euros). Pour l’heure, aucune décision n’a été prise par le tribunal de Moscou.
Enfin, le profil d’un utilisateur a été visé par un blocage de trois jours pour un commentaire contenant le nom d’une ruelle de Moscou faisant allusion au "Khokhol", "la ruelle Khokhlovski".
Facebook sur ses gardes
Le géant des réseaux sociaux est très engagé dans la lutte contre les propos haineux, racistes, sexistes et discriminatoires, même s’il fait régulièrement l’objet d’accusations pour ne pas avoir entrepris suffisamment les démarches nécessaires. Outre ses algorithmes internes censés déceler les publications, les messages ou les profils susceptibles d’avoir enfreint les règles du réseau social, tout utilisateur peut les signaler.
D’autres algorithmes de Facebook peuvent aussi conduire à des erreurs, comme ce fut le cas d’une vidéo du Daily Mail montrant "un homme blanc qui appelle les flics contre des hommes noirs à la marine". Même si les images ne montraient que des personnes, la plateforme affichait la suggestion de "voir plus de vidéos sur les primates?" avec les options "Oui/Rejeter", sous la vidéo en question.
Auparavant, le profil d’Éric Zemmour avait aussi été suspendu en août "par erreur". De la même manière, la page du musée ostendais de la mer "Mu.ZEE" avait été censurée en raison d’une photo montrant des sculptures de femmes nues.