Qui sont ces 4 millions de "nouveaux vulnérables" engendrés par la crise du Covid-19?

pauvreté, image d'illustration
Une enquête du Crédoc a comptabilisé quatre millions de "nouveaux vulnérables", ces Français qui ont basculé dans une situation préoccupante à plusieurs niveaux. Les conséquences auraient pu être pires sans les aides de l’État et des associations.
Sputnik
Près d’un tiers des Français (31%, dix points de plus qu’en 2018) se déclarent en situation de vulnérabilité, dont un quart y a basculé en raison de la crise du Covid-19, soit quatre millions de "nouveaux vulnérables". C’est la principale conclusion de l’enquête du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) menée en mai 2021 et publiée ce mardi 12 octobre.
Cette étude originale décrit la vulnérabilité comme une situation globale préoccupante en termes d’emploi, de moyens financiers, de santé, ou encore de logement. Le profil type est une personne de moins de 40 ans, peu diplômée, chargée de famille, qui occupe un emploi précaire dans un secteur impacté par les restrictions sanitaires (tourisme, restauration, culture, commerce) et aux faibles revenus.
Ces Français fragilisés par la crise ont souvent dû renoncer "à des dépenses essentielles de logement, de santé, de voiture, d’alimentation", explique l’étude. "Ce que l'on constate, c'est que chez les personnes nouvellement vulnérables, il y a de la colère, un sentiment d'abandon et parfois un rejet de la société dans son ensemble et un souhait de changement radical de société", commente sur Franceinfo Sandra Hoibian, directrice du pôle société du Crédoc.

Effets du "quoi qu’il en coûte"

Si l’épargne a beaucoup progressé, elle concernait beaucoup moins cette catégorie de population.
"70% de l'épargne qui a été mise en place pendant le premier confinement a été concentrée sur les 20% des ménages les plus aisés", précise Mme Hoibian.
Un soutien d’urgence a dû être mis en œuvre par l’État et le milieu associatif, sans toutefois bénéficier à tout le monde.
En effet, l’étude indique que seul un tiers des "nouveaux vulnérables" a bénéficié d’une aide, apportant un "regard un peu plus apaisé sur la société".
"Il y a manifestement des trous dans la raquette de la protection sociale", regrette Mme Hoibian, cette fois dans Le Monde.
Certaines aides étaient en fait liées au système salarial, ne touchant pas de la même façon les personnes en CDD et en CDI.
Pourtant, l’effet des dispositifs de soutien est immédiat sur le moral. "Lorsqu’elles ont été aidées par ces dispositifs exceptionnels, les personnes vulnérables sont 83% à se sentir libres de vivre leur vie comme elles l’entendent, soit la même proportion que les non vulnérables", informe l’étude, ajoutant un "niveau de confiance similaire dans la protection sociale". Cela "montre enfin l’importance de l’accompagnement des personnes vulnérables au bon moment".
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