Plus de la moitié des Français admettent baisser le chauffage à cause des prix de l’énergie

Les factures énergétiques qui grimpent couplées à un recours important au télétravail ont fait basculer davantage de Français dans la précarité énergétique, selon Europe 1. 84% d’entre eux se disent préoccupés par leurs dépenses d’énergie, d’autant que les prix du gaz atteignent des sommets.
Sputnik
Les Français sont plus inquiets que jamais de leurs dépenses d’énergie. Ils sont 84% à l’affirmer en 2021, soit cinq points de plus que l’année dernière, selon le baromètre du médiateur national de l’énergie. Une tendance qui s’explique par la forte augmentation des prix du gaz et de l’électricité ces derniers mois, mais pas seulement.
"Il y a probablement un plus grand nombre de personnes qui ont des difficultés financières. Après, les gens étaient peut-être plus souvent présents chez eux, avec les confinements. On a eu beaucoup de télétravail et du coup, les personnes ont fait plus attention", analyse au micro d’Europe 1 Frédérique Fériaud, directrice générale du médiateur de l’énergie.
En effet, 60% des Français ont déclaré avoir réduit le chauffage chez eux pour tenter de réduire la facture. C’est deux fois plus qu’en 2019. Un cinquième des foyers indiquent avoir souffert du froid dans leur logement pendant au moins 24 heures cette année. Enfin, un quart rencontrent des difficultés à payer leur facture de gaz ou d’électricité.
"Je ne peux que constater l’augmentation de la précarité énergétique. Alors que la trêve hivernale prendra effet le 1er novembre prochain, on peut craindre une augmentation des coupures pour impayés à la fin de la trêve", s’inquiète le médiateur national de l’énergie Olivier Challan Belval.
Un ménage est considéré en situation de précarité énergétique quand plus de 8% de ses revenus servent à payer les factures d’énergie.

Records pour les carburants

De plus, le litre de diesel, estimé à 1,53 euro, a dépassé la semaine dernière son pic d’octobre 2018, lorsque la crise des Gilets jaunes avait débuté, rapporte France Bleu. Son prix a augmenté de 30% en un an, notamment à cause de la reprise économique mondiale qui a provoqué une explosion de la demande sans que l’offre ne suive. Le litre de gazole a également battu son record de 2018 (1,53 euro). Le sans plomb 95 s’approche quant à lui du record de 2012, s’établissant à plus d’1,60 euro le litre.

"Bombe à retardement"

Le 30 septembre, plusieurs associations et syndicats ont alerté l’AFP sur l’envolée des prix de l’énergie.
"On n'a jamais aidé autant de personnes à payer leurs charges", a prévenu le Secours populaire.
Depuis l’année dernière, la trêve hivernale est prolongée de deux mois (jusqu’au 31 mai au lieu du 31 mars) ce qui fausse certaines données sur les interventions du fournisseur à la suite d’impayés. "Le dégel des procédures risque d'être très dur. C'est une bombe à retardement", estime la fondation Abbé-Pierre.

Mesures et propositions

Le même jour, Jean Castex a annoncé l’instauration d’un "bouclier tarifaire" pour bloquer les prix du gaz et de l’électricité jusqu’au printemps, espérant "une chute des cours mondiaux attendue en mars ou avril". Le 5 octobre, il a promis un amendement lié à la flambée des prix du gaz dans le cadre de la loi financement pour 2022, permettant d’abaisser les taxes si ces prix ne diminuent pas.
En réaction, des candidats à la présidentielle y sont allés de leurs propositions liées à l’énergie. Fabien Roussel (Parti communiste français) réclame la nationalisation d’EDF et Engie, ce qui permettrait selon lui de "fixer les tarifs". Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) promeut une "loi d’urgence sociale" afin de bloquer les produits de première nécessité, dont le gaz et l’électricité. Anne Hidalgo (Parti socialiste) souhaite une baisse des taxes sur le prix des carburants. Marine Le Pen (Rassemblement national) veut faire passer la TVA sur l’essence, le gaz et l’électricité à 5,5%, contre 20% actuellement.
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