"Eh, le Coran, poussez-vous": ce que l’on sait de l’agression d’une enseignante en pleine classe

Réagissant à l’agression d’une enseignante par un élève à Combs-la-Ville, les autorités promettent des sanctions fortes, aussi bien disciplinaires que judiciaires. Marlène Schiappa a demandé de retirer la vidéo des réseaux sociaux.
Sputnik
Trois élèves d'un lycée professionnel de Combs-la-Ville (Seine-et-Marne) ont été placés en garde à vue le 11 octobre suite à l’agression d’une enseignante, filmée et largement diffusée sur Internet.
D’après une source de M6 proche de l’enquête, l’un des gardés à vue, l’auteur de l’agression, est majeur, les deux autres, mineurs, ont filmé la scène.
Les faits remontent au 8 octobre. L’une des vidéos, visionnée environ deux millions de fois, montre un lycéen debout dans la salle de classe, écouteurs aux oreilles, masque au menton, visiblement décidé à quitter la salle avant la fin du cours. Il se trouve devant la porte, bloquée par sa professeur. Face à son refus d'abdiquer, l’adolescent menace: "Wallah, écarte-toi de ma rue. Eh, le Coran, poussez-vous madame!". Elle lui répond qu’il est "à l’école" mais celui-ci ouvre violemment la porte. Suite à cela, l’enseignante se retrouve projetée brutalement contre le mur avant de s’effondrer au sol.

La médiatisation de la scène

Bien que ce soit grâce aux réseaux sociaux qu'il est parfois possible d'attirer l'attention sur des cas de violences, dans ce cas précis les autorités ont décidé de demander le retrait de la vidéo. La police nationale qui a annoncé le 9 octobre avoir reçu beaucoup de signalements concernant ce cas a demandé de ne pas partager la séquence sur les réseaux sociaux.
Les enquêteurs de Pharos, la plateforme pour signaler les contenus et comportements en ligne illicites, ont été saisis.
Le 11 octobre, Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté, a fait savoir sur Franceinfo qu’elle avait fait "contacter l'intégralité des plateformes et des réseaux sociaux avec lesquels nous travaillons pour leur demander de faire retirer la vidéo" en question.
D’après un rapport de la Commission européenne rendu public début octobre, dans les pays de l’UE, parmi tous les signalements de messages de haine en ligne, seuls près des deux tiers (62,5%) sont supprimés. Ce rapport concerne Facebook, YouTube, Twitter, Instagram, Jeuxvideo.com et TikTok. Les discours de haine basés sur l’orientation sexuelle et la xénophobie sont les plus fréquemment cités.

Des "conséquences dans la vraie vie"

Outre des suites judiciaires, l'élève en question s'expose à de lourdes sanctions disciplinaires: il a déjà été exclu temporairement de l’établissement, le conseil disciplinaire va être convoqué.
Intervenant sur CNews le 11 octobre, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a fait savoir que l’agresseur sera "sévèrement sanctionné" et "doit être écarté, rescolarisé" dans une structure spécialisée.

"Il est évident que la force doit toujours rester du côté du droit, ce qui est en train de se passer", a-t-il déclaré.

L’auteur de l’agression "risque pas mal" car, juridiquement, les enseignants sont considérés comme détenteurs de l’autorité publique, a également assuré Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et de l'Engagement, sur le plateau de Touche pas à mon poste! le 11 octobre.
Les auteurs des vidéos sont aussi dans le viseur, a-t-elle déclaré.

"Celui qui filme, c’est grave aussi. On a vu à ce que ça a amené […]. On est presque un an malheureusement [après le] drame de Samuel Paty, et ça c’est de la vidéo, et ça, c’est grave. Ce qui se passe, ce qu’on fait avec un téléphone sur les réseaux sociaux, ça a des conséquences dans la vraie vie", a-t-elle avancé.

Le cap des violences scolaires franchi depuis des années

La victime a porté plainte le 11 octobre et le parquet de Melun a ouvert une enquête pour violences avec circonstances aggravantes, précise BFM TV. Valérie Debuchy, directrice des services de l'Éducation nationale, a évoqué le 11 octobre sur BFM TV deux autres plaintes, notamment contre l’auteur de la vidéo.
Le syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur SNALC a apporté son soutien à l’enseignante. Par ailleurs, déjà en 2018, quand l’affaire d’un élève qui avait braqué une arme sur une enseignante au sein même de l’établissement scolaire avait éclaté, Jean-Rémi Girard, président du syndicat, avait affirmé que le "cap (des violences scolaires) a été franchi depuis un moment", à savoir depuis plusieurs années.
Selon lui, dans 80% des établissements du second degré en France il y a des incidents graves qui sont généralement des agressions verbales mais qui dans certains cas peuvent aller beaucoup plus loin.
Discuter