Éric Zemmour est-il volontairement écarté du service public? C’est en tout cas ce qu’il estime au vu des récents propos de l’éditorialiste de Franceinfo Gilles Bornstein. Jeudi 7 octobre, ce dernier recevait Ian Brossat, porte-parole du Parti communiste français, lequel s’est plaint de la surmédiatisation de l’essayiste qui bouleverse les sondages depuis plus d’un mois.
"Il n’a pas le droit de venir ici", a répondu le journaliste, se défendant du fait que la chaîne participe à son ascension médiatique et sondagière. Toujours sans être candidat à l’élection présidentielle, M. Zemmour accuse M. Bornstein de lui "interdire de parler sur le service public", et réclame à ce titre de rendre la redevance audiovisuelle aux Français, en mentionnant "STOPcensure" dans son tweet.
En déplacement en Corse, il a ajouté au micro de CNews qu’il est "interdit d’antenne" sur Radio France depuis des années, ce qui revient à censurer également les "millions de gens qui sont d’accord avec [lui]". "Cette camarilla gauchiste a pris en otage le service public", a-t-il conclu.
Face au début de polémique, Gilles Bornstein a indiqué le lendemain s’être "mal exprimé", précisant que France Télévisions n’invitera Éric Zemmour que s’il est officiellement candidat. Des propos confirmés par le directeur de l’information du groupe Laurent Guimier.
Le 11 septembre, l’écrivain était pourtant invité de l’émission On est en direct sur France 2, lors de laquelle il a été interrogé non seulement sur son livre mais aussi sur son potentiel projet politique.
Surreprésentation médiatique
Éric Zemmour est par ailleurs la personnalité la plus citée sur le fil Twitter de Franceinfo au cours des 30 derniers jours au sujet de l’élection présidentielle. Libération s’est en effet intéressé à ce phénomène, analysant les mentions des différents candidats sur le réseau social par les chaînes d’info françaises. À côté de ses concurrentes, Franceinfo affiche toutefois des proportions plus équilibrées.
En effet, BFM TV l’a mentionné trois fois plus que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, et quatre fois plus que Yannick Jadot. Durant la même période, LCI en a parlé au moins deux fois plus que les autres, tandis que CNews ne cite quasiment exclusivement que son ancien chroniqueur.
Le quotidien explique cette tendance par le fait qu’il suscite de nombreux commentaires d’analystes politiques et que les candidats déclarés sont souvent interrogés sur sa potentielle candidature. Ainsi, les tweets exprimés ne correspondent pas forcément au temps d’antenne qui lui est accordé.
Ironiquement, depuis que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a décidé de décompter son temps de parole en tant qu’"acteur du débat politique national", provoquant la fin de sa participation à Face à l’info sur CNews, jamais il n’a été aussi omniprésent dans les médias.