Pour 84% des Parisiens leur ville est sale, y a-t-il une solution?

Dans un sondage Ifop à la demande du collectif Union Parisienne, les habitants de la capitale affirment leur mécontentement vis-à-vis de la politique de propreté menée. Un véritable constat d’échec pour Anne Hidalgo alors que cette dernière tente de faire décoller sa campagne présidentielle.
Sputnik
C’est un constat implacable que Le Journal du Dimanche a publié ce matin. Une étude commandée par le collectif Union Parisienne qui regroupe en son sein plusieurs associations de riverains met en évidence les problèmes de propreté de la capitale. 84% des Parisiens ont ainsi exprimé leur désapprobation à l’égard de la politique de propreté mise en place. Les plus mécontents sont les habitants des quartiers populaires (18e, 19e et 20e arrondissement) chez qui le pourcentage grimpe jusqu’à 90% alors que ceux de l’ouest parisien le sont à 74%. Il faut également noter des disparités au sein de la population. En effet, les classes populaires sont les plus critiques et affirment à 96% que leur ville est sale alors que dans le même temps les 18-24 ans semblent moins préoccupés par cette question avec seulement 53% de réponses positives.

La saleté à Paris, un problème historique

L’Ifop qui a réalisé ce sondage a tenu à comparer ces données avec celles obtenues par le passé. Aujourd’hui, 78% des Franciliens (Paris et sa banlieue) affirment que la capitale est sale. Ce pourcentage était de 53% en 1991 sous Jacques Chirac et de 82% en 1974. Il faut noter que les problèmes de propreté ont toujours animé la vie politique parisienne. En 1965, l’ORTF avait fait un micro-trottoir auprès d’habitants qui affirmaient déjà leur mécontentement. Des personnes nées à Paris indiquaient avoir vu l’état de leur quartier se dégrader depuis leur enfance.
En 1977, Jacques Chirac a remporté les premières élections municipales à Paris depuis un siècle en axant sa campagne sur la propreté. La problématique majeure à l’époque était les déjections canines. Il faut par ailleurs noter que sa première décision en tant que maire a été d’interdire de fumer lors du conseil municipal.

Quelles solutions à mettre en œuvre?

La première des solutions suggérées par les interrogés est la mise en place "d’amendes pour ceux qui salissent" (61%). Viennent ensuite le renforcement des effectifs et des moyens (50%), multiplier les corbeilles de rue (22%) et enfin une idée inattendue et plutôt à contre-courant de notre époque: éliminer les pigeons (21%)
Face au succès retentissant sur les réseaux sociaux du hastag #saccage paris, Anne Hidalgo avait rappelé au micro de RTL en avril dernier qu’elle s’était engagée à doubler le budget propreté. Les élus de l’opposition avaient alors rétorqué qu’il s’agissait de mesures de bricolage.
Rachida Dati, maire du 7earrondissement, a quant à elle pris la décision cette semaine de le faire nettoyer entièrement avec l’aide d’une entreprise d’insertion.

Réactions

Nicolas Nordman adjoint en charge de la sécurité a indiqué au JDD qu’une nouvelle police municipale serait opérationnelle dès le 18 octobre et pourra "verbaliser à 360 degrés". Les effectifs qui seront de 153 agents lors de son déploiement atteindront les 5.000 à terme.
Emmanuel Grégoire, premier adjoint de la maire de Paris a de son côté avoué ne rien nier de ces problèmes.
"Nous entendons et respectons les griefs de #Saccage Paris, mais cette bulle hostile qui multiplie les mises en scène ad nauseam ne peut pas être l'alpha et l'oméga de la vie démocratique parisienne. Nous faisons tout pour réparer ce qui doit l'être."
Rudy Maroudin, porte-parole de l’association Union Parisienne, s’est réjoui de voir que ce sondage partageait l’avis du collectif.
"Ce sondage nous confirme que l'immense majorité des Parisiens pense, comme nous, que cette ville est dans un état déplorable, pas entretenue, abandonnée."
Les Parisiens soutiennent à 67% le mouvement #SaccageParis. Il faut noter que parmi eux se trouvent 9% d’électeurs d’Anne Hidalgo et 53%de Rachida Dati. Les organisateurs du mouvement ont par ailleurs appelé à un rassemblement ce dimanche à 15h place de l’hôtel de ville pour protester contre "l'anarchie organisée", "la zadisation des quartiers"et "l'implacabilité dogmatique de la mairie".
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