La Russie n’est pas derrière la flambée des prix du gaz en Europe, estime Bloomberg, tout en reconnaissance qu’au cours des derniers mois Moscou a eu l'occasion de renforcer son statut de grande puissance.
"Jusqu'à présent, les actions russes n'ont pas contribué à atténuer les pénuries de gaz naturel au Royaume-Uni et en Europe. Mais la Russie n'est pas à l’origine de la crise telle qu'elle s'est déroulée", écrit l’auteur de l’article.
D’après lui, un ensemble de facteur ont entraîné la hausse du prix. Il s'agit notamment d'un printemps exceptionnellement froid qui a laissé les stocks de gaz européens à des niveaux bas, d'une reprise économique plus rapide que prévu alors que l’après Covid-19 a stimulé la concurrence pour le gaz en provenance d'Asie, et d'un mécanisme des prix du carbone qui a poussé les taux à la hausse pour les combustibles fossiles.
"Pourtant, ces dernières semaines, les dieux géopolitiques livrent la manne du ciel à Poutine", ironise l’auteur de l’article.
Les politiciens européens savent très bien que la situation sur le marché du gaz risque de se détériorer dans un proche avenir, d’après le journaliste de Bloomberg. Et les Européens n'auront plus qu'à compter sur un hiver exceptionnellement doux, ajoute-t-il.
Crise énergétique et accusations
Ces derniers jours, la Russie se voit accuser d’avoir retenu du gaz naturel destiné à l’Europe pour faciliter la procédure d'approbation lente de son nouveau gazoduc Nord Stream 2 qui la relie à l'Allemagne. Le 6 octobre, Vladimir Poutine a indiqué que la Russie pourrait augmenter les volumes du gaz pour l'Europe. Bien qu'il n'ait rien promis de précis, ce geste a fait baisser les prix des contrats de livraison de gaz en novembre par rapport au sommet qu'ils avaient atteint avant.
Le directeur du Fonds russe de développement énergétique, Sergueï Pikine, a ensuite estimé auprès de Sputnik que cette déclaration de Vladimir Poutine avait partiellement réduit "les risques que les commerçants craignent", tout en précisant que l’effet ne sera que temporaire.
Pour rappel, le 4 octobre, le groupe Nord Stream 2 AG a annoncé avoir procédé au remplissage de la première conduite du gazoduc qu'il opère "pour atteindre le volume et la pression nécessaires pour mener des essais techniques ultérieurs".
La crise s’étend également sur la Chine
De plus, parlant des avantages qui peuvent se présenter pour la Russie avec la situation actuelle de crise du gaz, l’auteur de l’article évoque la Chine.
"Les avantages ici pour la Russie vont au-delà de mettre Poutine en position de force face à l'Europe. Une crise similaire en Asie crée également des opportunités pour Moscou de renforcer ses liens avec Pékin", détaille-t-il.
Il a fait valoir que la Chine ressent la crise des prix de manière plus aiguë et est nerveuse à l'idée de répondre aux besoins énergétiques futurs, c’est pourquoi le vice-Premier ministre chinois Han Zheng a récemment demandé aux entreprises d'État du secteur de l'énergie de "sécuriser les approvisionnements pour l'hiver à tout prix".
Les décideurs politiques devraient anticiper désormais les moyens par lesquels Poutine tentera d'utiliser son nouveau levier, estime l’auteur de l’article. Jusqu'à présent, l'accent a été mis en grande partie sur Nord Stream 2, mais il y a d'autres directions moins évidentes où la Russie pourrait essayer de tourner ce moment à son avantage. Il s'agit notamment de renforcer sa position en Méditerranée orientale, sa position dans les pourparlers visant à rétablir l'accord nucléaire iranien et son influence en Asie centrale après le retrait des États-Unis en Afghanistan, conclut-il.