Le chef de l'État a présidé une cérémonie au Panthéon en présence de Robert Badinter, le ministre de la Justice qui avait à l'époque défendu ce projet.
"Je vous annonce donc en ce 9 octobre 2021 que la France va relancer le combat pour l'abolition universelle", a dit Emmanuel Macron, précisant que des impulsions seraient données aux Nations unies ainsi que dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne, au premier semestre 2022.
Devant un parterre de personnalités où l'on reconnaissait une partie du gouvernement de Jean Castex et des anciens ministres comme Pierre Joxe, Hubert Védrine, Christiane Taubira et Rachida Dati, Emmanuel Macron a évoqué un "combat de civilisation", un "combat universel que nous mènerons en Européens, encore et toujours."
Il a rappelé qu'au moins 483 exécutions, qu'il a qualifiées de "meurtres d'Etat" avaient été perpétrées dans le monde en 2020 "par 33 régimes politiques qui ont pour la plupart en commun un goût partagé pour le despotisme, le rejet de l'universalité des droits de l'homme mais pas uniquement."
Sur les 198 États membres de l'Onu, 106 ont aboli en droit la peine de mort et 50 autres respectent un moratoire sur les exécutions. La Chine, les États-Unis, l'Iran et l'Indonésie figurent au nombre des pays où la peine de mort est encore pratiquée.
"Courage politique" de Mitterrand
Promesse électorale du candidat François Mitterrand en 1981, la fin de la peine capitale a été votée le 9 octobre cette année-là.
"C'est à lui, à son courage politique que nous devons premier lieu l'abolition", a dit Robert Badinter, qui a aussi salué le Président Jacques Chirac, qui a "élevé l'abolition au rang de principe constitutionnel en 2007."
"La peine de mort est vouée à disparaître de ce monde parce qu'elle est une honte pour l'humanité", a ajouté l'ancien garde des Sceaux, aujourd'hui âgé de 93 ans. "Jamais, nulle part, elle n'a fait reculer la criminalité."
Le sujet de la peine capitale revient parfois dans les débats en France, notamment en période électorale, alors que divers sondages montrent qu'environ la moitié des personnes interrogées se disent favorables à son rétablissement.
"En France comme en Europe des voix que l'ont croyait étouffées ressortent des tréfonds de l'Histoire pour appeler au rétablissement de la peine capitale", cette "justice qui tue", a mis en garde Emmanuel Macron.
Le polémiste Éric Zemmour, candidat potentiel à l'Élysée au printemps prochain, s'est récemment déclaré "philosophiquement" favorable à la peine de mort.