Alain Richard, chef du groupe d'échanges et d'études Sénat-Taïwan, arrivé à Taipei avec trois collègues parlementaires, a encore présenté Taïwan comme un pays ce vendredi 8 octobre devant les journalistes, tout en soulignant que le terme "pays", en français, avait avant tout une signification géographique et non politique.
"C'est un sujet diplomatique délicat, mais ce qui me frappe, c'est que le nom de cette île et de ce pays est Taïwan", a-t-il déclaré. "Donc, il ne sert à rien d'essayer, vous savez, d'empêcher ce pays d'utiliser son nom".
Jeudi déjà, l'ancien ministre de la Défense avait qualifié l'île de "pays" à l'issue d'un entretien avec la Présidente Tsai Ing-wen.
Une question sensible
L'usage du nom Taïwan est politiquement et diplomatiquement sensible. Formellement appelée République de Chine, l'île n'est pas reconnue par la plupart des pays qui entretiennent des relations diplomatiques avec Pékin. Leurs ambassades utilisent généralement le nom "Taipei" pour présenter l'île afin de ne pas froisser la Chine continentale.
Les autorités chinoises avaient vivement réagi le 7 octobre à la déclaration de M.Richard. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a souligné que présenter Taïwan comme un pays était une "violation flagrante du consensus universel de la communauté internationale".
"Les gens comme Richard n'ont soit pas de respect et de compréhension quant aux plus élémentaires des normes des relations internationales, soit ils prennent en otages les relations d'État à État sur la base d'un égoïsme personnel. La Chine condamne fermement et s'y oppose fermement", avait-il déclaré.
La France n'a de relations officielles qu'avec Pékin, mais elle maintient une représentation diplomatique relativement importante à Taïwan.
Une visite française sur fond de tensions entre Taïwan et Pékin
Alain Richard, ministre de la Défense de 1997 à 2002 du gouvernement Jospin, s'est déjà rendu par deux fois à Taïwan. Pour ce nouveau déplacement, il est accompagné des sénateurs Max Brisson, Else Joseph et Olivier Cadic. La délégation s'est rendue sur l'île le 6 octobre malgré les tentatives de Pékin pour les dissuader d'effectuer ce voyage.
Cette visite intervient alors que les tensions entre Taïwan et Pékin ont atteint des sommets ces derniers jours, avec de multiples incursions d'avions chinois dans l'espace aérien taïwanais qui ont suscité l'inquiétude des États-Unis et de leurs alliés.
Selon Alain Richard, ces incursions aériennes sont un message de la part du pouvoir de Pékin et une menace en direction de Taïwan.