La Russie pose réciproquement ses questions via l’OIAC sur l’affaire Navalny

Toujours dans l’attente des réponses de ses partenaires de l’OIAC dans le cadre de l’affaire Navalny, la Russie a à son tour envoyé des notes verbales et ses questions en tant que démarche réciproque, les adressant à l’Allemagne, à la France, au Royaume-Uni et à la Suède.
Sputnik
La Russie, qui n’a toujours pas reçu d’explications ou de réponses aux questions qu’elle avait posées à ses partenaires européens dans le cadre de l’affaire Navalny, a envoyé des documents au secrétariat technique de l’Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), ainsi que des notes verbales adressées à l’Allemagne, à la France, au Royaume-Uni et à la Suède, a annoncé cités par le ministère russe des Affaires étrangères.
Moscou "entend continuer à chercher la vérité et les réponses aux questions clés suivantes - où, quand et dans quelles circonstances les biomatériaux du blogueur russe ont été contaminés avec la substance que les chimistes militaires allemands auraient découvert à l'extérieur de la Russie et qu'ils ont classé comme +une substance toxique de combat du groupe Novitchok+, non incluse dans l'Annexe sur les produits chimiques à l’OIAC", lit-on dans le texte.
L'OIAC a confirmé le transfert des documents à ces pays.
La partie russe insiste pour que "le secrétariat fournisse les vidéos dont il disposait, qui auraient dû être filmées par des spécialistes du secrétariat dans un premier temps lors de la sélection des échantillons chez A.Navalny à la clinique Charité, puis partagées et scellées pour être transmises aux laboratoires désignés par le secrétariat".

La France accuse réception du dossier

Le représentant du ministère français des Affaires étrangères a répondu à Sputnik que Paris avait reçu les documents et la note verbale.
"L'attaque avec un agent neurotoxique russe contre l'opposant russe Alexeï Navalny le 20 août 2020 sur le territoire de la Russie nous a tous choqués. Il faut faire la lumière sur les circonstances de ce crime et sur les personnes qui l'ont commis, condamné les responsables et prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que de telles attaques ne se reproduisent de nouveau", a-t-il indiqué.
Le représentant permanent russe à l'OIAC, Alexandre Choulgine, a souligné à son tour que répondre à ce genre de démarches était obligatoire pour tout pays membre de l’OIAC.
"Cette demande est obligatoire pour tous, aucune interprétation libre de la Convention [sur l'interdiction des armes chimiques, ndlr] n'est prévue. Malheureusement, on a parfois l'impression que nos partenaires occidentaux pensent qu'il peut y avoir des exceptions pour eux. Ainsi, la France et la Suède ont totalement ignoré les appels de la Russie en vertu des dispositions de l’OIAC. Ils n'ont même pas daigné écrire une réponse rapidement et courte, comme les Allemands l'ont fait", a-t-il fait savoir.

Un délai de dix jours pour répondre

Conformément à la Convention, l'État-membre doit fournir au plus tard 10 jours après la réception de la demande des informations suffisantes pour répondre aux doutes ou préoccupations exprimées, a rappelé le diplomate.
Cette démarche russe est une réponse, car plus tôt les États-Unis et 44 autres pays de l'OIAC ont envoyé à la Russie une liste de questions sur l’affaire Navalny et ont déclaré attendre une réponse dans les 10 jours.
"Je n'ai pas pour rien cité l'article IX de la Convention, car nous attendons non seulement une réponse, mais une réponse qui nous satisfasse et nous permette de clore la question", a ajouté Alexandre Choulgine.
Selon lui, la Convention prévoit d'autres mécanismes par lesquels il est possible d’obtenir des réponses des partenaires de l'OIAC. De plus, le représentant permanent russe à l'OIAC a ajouté à Sputnik que la situation politisée actuelle au sein de l’Organisation ne satisfaisait pas tout le monde.
"Je peux vous assurer que tout le monde n’est pas satisfait de la situation actuelle. Il est de plus en plus évident que les États-membres sont las des tensions et la politisation même des questions apparemment techniques de son ordre du jour. Il existe une compréhension claire de la nécessité de remettre les activités de l'Organisation dans un cadre technique dépolitisé", a-t-il détaillé.

L’affaire Navalny

Pour rappel, le 20 août 2020, l’avion de ligne qui transportait le créateur du Fonds russe de lutte contre la corruption (FBK), Alexeï Navalny, de Tomsk à Moscou a dû se poser en urgence à Omsk après que l’opposant a fait un malaise.
Alexeï Navalny a été hospitalisé en soins intensifs à l’hôpital N°1 d’Omsk où les médecins n’ont pas trouvé de traces de toxines dans le sang ni dans l’urine de leur patient, mais ont constaté un trouble métabolique qui a provoqué une forte baisse de sa glycémie. Deux jours plus tard, ils ont autorisé son transfert en Allemagne. Après l’arrivée d’Alexeï Navalny à l’hôpital universitaire de la Charité de Berlin, le gouvernement allemand a affirmé que le Russe avait été empoisonné par un agent toxique du groupe Novitchok. Selon Berlin, des laboratoires suédois et français ont confirmé la conclusion des experts allemands.
Le Kremlin a noté pour sa part que les autorités allemandes ne l'avaient pas informé de leurs conclusions, tandis que le ministère russe des Affaires étrangères a souligné que la Russie attendait une réponse de la part de l'Allemagne à sa requête officielle de clarifier la situation: en un mois, Moscou a envoyé trois demandes d'assistance juridique concernant l’affaire Navalny qui n’ont reçu aucune réponse. Le Service fédéral de sécurité (FSB) russe a qualifié cette affaire de provocation. Qui plus est, l’UE a adopté des sanctions contre la Russie en lien avec la situation relative à Alexeï Navalny.
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