Il aura fallu sept ans de recherches et de travail à des archéologues norvégiens pour trouver le second ski d’une paire préhistorique vieille de 1.300 ans et qui remonte à la période pré-viking, relate le blog du groupe baptisé Secrets of the Ice (Les secrets de la glace, en français).
"Nous avons trouvé la paire de skis la mieux conservée de la préhistoire! […]. Le nouveau ski est encore mieux conservé que le premier! C’est une découverte incroyable", insistent les archéologues.
Le premier avait été découvert en Norvège en 2014, selon les scientifiques.
"Le ski était complet, y compris la fixation, l'un des deux seuls skis de la préhistoire dans cet état. Depuis, nous avons surveillé la glace, espérant et priant pour que le second ski de la paire fasse surface. Et c'est arrivé", se réjouissent les chercheurs.
Un exploit pour extraire le second
Une équipe composée de six chercheurs et d’un chien a effectué l’ascension dans les montagnes pour le second ski le 26 septembre. Ilsont suivi les coordonnées GPS et les photos prises lors de la première expédition réalisée par deux scientifiques le 20 septembre. Le ski était encore sous la glace. Pour l’extraire sans l’endommager, les scientifiques ont d’abord utilisé des piolets avant d’arroser la glace avec de l’eau chaude.
"Le nouveau ski mesure 187 centimètres de long et 17 de large, soit 17 centimètres de plus en longueur et 2 centimètres plus large que le premier ski trouvé ici. Le dernier ski trouvé est bien mieux conservé, probablement parce qu'il se trouvait 4-5 mètres plus profond dans la glace. Cela peut expliquer les différences de dimensions entre les deux skis", détaillent les chercheurs.
Les skis ne sont pas identiques, mais il ne fallait pas s’attendre à ce qu'ils le soient, car ils ont été faits à la main. Chacun a eu une longue histoire, que ce soit concernant son usure et les réparations subies avant qu’un skieur de l'âge du fer les utilise ensemble et qu’ils finissent dans la glace il y a 1.300 ans.
"La paire de skis de Digervarden est la paire préhistorique la mieux conservée au monde! Il existe d'autres paires préhistoriques, mais aucune d'elles n'a la fixation préservée. La fixation est cruciale. Sans elle, il est beaucoup plus difficile de dire comment les skis ont été utilisés. Le seul autre exemple de ski avec des fixations préservées est un seul ski de Mänttä, en Finlande, légèrement plus ancien que celui de Digervarden", se réjouissent les archéologues.
Le ski trouvé en 2021 a plus de fixations que le précédent. Il a des traces de réparations, mais il manque la partie arrière, qui pourrait toujours se trouver sous la glace.
"Ce n’est qu’après avoir étudié attentivement le bord de la fracture que nous pourrons dire quand elle s’est cassée, si c’est au moment où l'ancien skieur l’a perdu, ou si elle s’est cassée se trouvant à l’intérieur de la glace", confie l'archéologue Lars Holger Pilo, qui a participé à l'expédition.
La fourrure
Une question se pose concernant le ski découverten 2014: y avait-il à l'origine de la fourrure sur le dessous; la réponse pourrait livrer des explications sur son utilisation. Mais aucune trace le long du ski retrouvé en 2014 n’apparaissait.
"Un sillon sur le dessous le long du ski, comme vous pouvez en trouver sur d'autres skis préhistoriques (et sur des skis de fond modernes), résoudrait la question. Un tel sillon n'aurait aucune fonction avec un dessous couvert de fourrure. Le ski de 2014 ne présente aucun sillon, mais le nouveau, celui mieux préservé, en a un! Ainsi, il n’y avait probablement pas de doublure en fourrure sur les skis", concluent les archéologues.
Et le skieur mystérieux?
Une question intéresse les archéologues plus que les autres depuis la découverte du premier ski en 2014: qui était cet homme qui a perdu cette paire des skis en Norvège.
Les archéologues ont retrouvé beaucoup d’objets relatifs à la chasse aux rennes dans la zone où se trouvaient les skis préhistoriques. Il serait donc logique de lier les skis à cette activité. Cependant, lors de la récupération du second ski, l’équipe a constaté la présence de plusieurs amas artificiels de pierres dans le secteur. Ces cairns auraient pu faire partie d’un ancien sentier de montagne traversant une plaque de glace près de l'endroit de découverte des skis.
"Nous avons trouvé un traîneau du XVIIIe siècle à peu près dans la même région en 2016. Cela peut indiquer que les skis soient également liés aux activités de transport. De ce fait, nous ne savons pas si le propriétaire était un chasseur ou un voyageur (ou les deux)", poursuivent les archéologues.
Autre question qui travaille les scientifiques: que s’est-il passé à cet endroit pour que l’homme reparte sans ses skis? Les archéologues avancent trois scénarios.
Selon le premier, le skieur a pu laisser ses skis dans la neige non loin de son stationnement et une chute de neige soudaine les a engloutis. Le second est celui de l’accident. Peut-être que le skieur est tombé, cassant l’un des skis. Ne pouvant plus les utiliser, il les a abandonnés. Mais un contre-argument existe: l’un des skis découverts par les archéologues avait déjà été réparé, ce qui veut dire qu’ils avaient une valeur pour leur propriétaire. En outre, ils présentent des trous à l'avant, permettant ainsi de les traîner facilement.
Enfin, le troisième scénario envisage la mort du skieur dans un accident. Si tel est le cas, le skieur est-il toujours sous la glace? Une question qui reste pour l’heure sans réponse.