Pour la première fois depuis 28 ans, le gagnant du concours de la "meilleure baguette de Paris" ne livrera pas l’Élysée.
Il s’agit de Makram Akrout, boulanger d’origine tunisienne installé en France il y a 19 ans et naturalisé français qui a remporté le 24 septembre le concours traditionnel de la "meilleure baguette de Paris" et obtenu le droit de livrer son pain à l’Élysée pendant un an.
Le 4 octobre, la présidence a pourtant indiqué que "ce n’est pas prévu. L’Élysée n’a pas pris contact avec ce monsieur", rapporte Le Parisien.
"Ce n’est pas automatique que le lauréat de la meilleure baguette de Paris livre l’Élysée", a ajouté la présidence.
Ainsi, cette décision sera une première depuis la création du concours il y a 28 ans, d’après Franck Thomasse, président du syndicat des boulangers du Grand Paris, cité par le quotidien.
De plus, le 2 octobre, le boulanger en question n’est pas venu pour recevoir son prix, remis par la mairie de Paris, évoquant un "problème de salarié" pour expliquer son absence, d’après l’AFP.
Par ailleurs, la mairie a saisi la préfecture de police "pour savoir si des enquêtes sont en cours" concernant le passé de Makram Akrout.
Les posts en question
Aux origines de cette tempête, des publications que Makram Akrout avait partagées sur Facebook en 2019-2020. Des posts écrits en arabe ont fait leur réapparition quelques jours après sa victoire au concours. Ils sous-entendent qu’il est un sympathisant d’un parti ultraconservateur islamiste tunisien, qu’il partage des idées complotistes prétendant que la France veut "coloniser" la Tunisie et qu’il soutient la pétition pour "virer" l’ambassadeur français de l’époque.
Suite à la révélation de ces faits, le boulanger en question a déposé plainte. Son avocate Sylvia Lasfargeas, contactée par l’AFP, avance: "Comme bien des internautes, il a pu partager dans le passé des contenus publiés sur les réseaux sociaux sans en saisir toute la teneur". Makram Akrout a déjà supprimé son compte Facebook, mais il ne comprend pas pourquoi ces publications ont été considérées comme "antirépublicaines et haineuses vis-à-vis de la France et de ses concitoyens ", nuance-t-elle.
"Il ne faut pas tout mélanger"
À ce stade, les représentants de la profession ne sont pas nombreux à se prononcer sur ce cas.
"C'est fâcheux d'avoir des propos haineux parce que le boulanger qui est couronné à Paris monte et va être connu et il emmène toute la profession avec lui", a regretté le 6 octobre sur Europe 1 Dominique Anract, président de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française.
"Il ne faut pas tout mélanger: la politique, la religion et ce métier", a-t-il également précisé, ajoutant que "la boulangerie, c'est le partage. Copain, ça vient du mot partager le pain".