Des riverains des quartiers tourmentés par le crack se mobilisent pour dénoncer la situation et l’inactivité des autorités chaque mercredi depuis la construction du mur censé limiter le déplacement des consommateurs de crack. Le 25 septembre, ceux-ci ont été évacués des jardins d’Éole et de Stalingrad vers la porte de la Villette, entre les quartiers de Pantin, de Villette et d’Aubervilliers. Or, la situation semble loin d’être réglée.
"Ça continue d’être problématique. […] Ce mur, érigé très rapidement par la décision du ministre de l’Intérieur, n’a pas sa fonction, les consommateurs de crack déambulent dans les quartiers qui se situent en face", se confie au micro de Sputnik un habitant.
Indiquant que les maires d’Aubervilliers et de Pantin n’ont toujours pas reçu de réponse suite à leur demande d’audience concernant cette situation, il a précisé qu’une réunion qui a eu lieu en ce sens "n’a servi à rien" et n’a pas conduit à la prise d’une quelconque décision par les autorités.
"Pour l’instant, c’est totalement abandonné. Au niveau du gouvernement, du ministre, on a silence radio. […] On est toujours au statu quo, c’est la raison pour laquelle on continue de se mobiliser."
"Darmanin, ton mur, on n'en veut pas!", ont scandé des habitants dénonçant cette mesure qui avait provoqué la colère de certaines personnalités publiques, comme Éric Ciotti des Républicains qui l’a qualifié de "honte absolue" et de forme d’"apartheid".
"Les femmes sont hyperapeurées, très en colère"
Non seulement les consommateurs de crack continuent leurs déplacements dans ces quartiers, dérangeant les riverains, demandant de l’argent, créant de l’insécurité, mais ils débarquent aussi dans les wagons du métro, poursuit le riverain auprès de Sputnik.
"Les femmes sont hyperapeurées, très en colère, il y avait déjà eu des agressions", dit-il.
Certaines ont réussi à passer en télétravail pour limiter leurs propres déplacements dans les quartiers, mais ce sont des cas rares, d’autres sont obligées "d’emprunter la ligne 7 du métro", "ces arrêts [étant] très anxiogènes, très dangereux pour elles".
"Il y a des consommateurs qui rentrent dans le métro, agressent, rackettent et touchent, ce n’est pas hyper sécurisé au niveau sanitaire", souligne l’activiste. Et de poursuivre:
"Les jeunes sont plus radicaux [aujourd’hui] et prêts à en découdre. Des battes de baseball, des Tasers sont apparus. […] C’est très compliqué de contenir cette colère."
"Une solution définitive" exigée
À cet égard, la population de ces quartiers demande des actions de la part des autorités.
"Il faut que le gouvernement se rende compte que si la situation n’est pas réglée au plus vite, elle risque d’exploser dans le 93. C’est dans nos quartiers qu’ils viennent ou dans le XIXe, pour trouver de quoi payer leur consommation ou pour la trouver. Ce sont des allées et venues sur ce square Auguste Baron", poursuit l’homme.
Il explique que les exigences du collectif anti-crack 93 sont très simples. Il demande la prise en charge médicale des consommateurs de narcotiques pour les sauver et veut également que les autorités protègent les riverains mêmes.
"Mettre en place des effectifs sur les deux quartiers pour protéger les riverains, sécuriser le territoire, c’est la mission de l’État. Actuellement, ils sont présents de manière sporadique, mais pas de manière permanente", conclut-il.