Pandora Papers

La Légion du Christ, accusée d’abus sexuels, épinglée dans les Pandora Papers

Impliquée dans des affaires de pédocriminalité, la Légion du Christ, fondée au Mexique, a été accusée d’avoir dissimulé plus de 300 millions dollars dans plusieurs trusts, et de les avoir investis dans de l’immobilier américain, indique l’enquête Pandora Papers, alors que les victimes cherchent à obtenir des réparations par la justice.
Sputnik
De nouveaux dossiers ressortent de l’enquête baptisée Pandora Papers sur les fraudes financières via des sociétés offshore. Après la mise en cause de plusieurs dirigeants mondiaux pour évasion fiscale, la congrégation de prêtres catholiques de la Légion du Christ, fondée au Mexique et accusée d’abus sexuels sur mineurs dans le passé, se retrouve aussi concernée.
L’ordre est actuellement épinglé pour avoir investi son argent dans l’immobilier américain pour dissimuler ses actifs, indique le rapport du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ).
Suite à de nombreuses accusations de viols sur mineurs portées contre cette congrégation, le Vatican a lancé une enquête en 2010. Les dirigeants de la Légion du Christ avaient alors fondé trois trusts en Nouvelle-Zélande pour "placer l’argent" de l’ordre, rapporte l’ICIJ.
Deux de ces trusts ont gardé des actifs pour un montant total de 300 millions de dollars, "tandis que les victimes d’abus sexuels luttaient pour obtenir des compensations financières avec l’aide de la justice et d’une commission supervisée par le Vatican", poursuit l’organisation.

Investissements dans l’immobilier américain

Avec l’éclatement du scandale autour de ces prêtres, les actifs de ces trusts néo-zélandais ont été investis dans des biens immobiliers aux États-Unis. Le rapport indique que la Légion du Christ a réussi à investir des millions de dollars dans au moins huit complexes résidentiels en Floride, au Texas et dans l’Iowa.
Plus de 14 millions de dollars ont été consacrés à des investissements dans des complexes d'appartements de Pensam Capital qui a affirmé ne pas avoir été informé de la provenance de cet argent placé.
Les trusts détenant de l'argent de la Légion possédaient également quatre comptes bancaires suisses, dont un dans une banque genevoise, Lombard Odier, qui, selon le ministère américain de la Justice, avait aidé des clients américains à dissimuler des actifs aux autorités fiscales américaines, poursuit l’ICIJ.
Contactée par l'ICIJ, la Légion a reconnu avoir créé l'un des trois trusts, nommé The Retirement and Medical Charitable Trust, afin de percevoir des dons destinés à financer la vie des prêtres âgés. En plus de cela, l’ordre catholique a déclaré n’avoir aucune connaissance des opérations ou des conditions des deux autres trusts détenant la majeure partie de l'argent en question, soit AlfaOmega Trust et Salus Trust.
Selon un porte-parole de la Légion cité par l’ICIJ, il serait erroné d'attribuer les décisions, les investissements ou les activités" des deux trusts à la Légion. Cependant, il a reconnu que la Légion avait fait des demandes de "dons" à ces deux trusts "qui sont libres d'accorder ou de refuser ces demandes".
Répondant en 2017 aux divulgations de ses activités financières aux Bermudes et dans d'autres paradis fiscaux, la Légion a déclaré qu'elle "ne dispose pas de sociétés offshore ni de ressources dans des sociétés offshore".

Les viols sur mineurs au sein de la congrégation

En 2019, la Légion du Christ a publié un rapport interne confirmant un total de 175 agressions pédophiles, dont 60 ont été commises par le fondateur de la congrégation, Marcial Maciel Degollado. Les autres 115 abus sexuels ont été effectués par 33 autres prêtres de l’ordre. Parmi ceux-ci, 18 font toujours partie de la Légion du Christ, mais ils n’exercent aucune fonction en public et ne sont plus en contact avec les mineurs, précise le rapport.
La réalité des "actes d'abus sexuels sur des séminaristes mineurs" a été reconnue par la congrégation catholique en 2010, ainsi que le père Maciel avait mené une double vie et avait au moins une fille.
Au cours de sa vie, Marcial Maciel Degollado n’a jamais été reconnu coupable de ces faits. Il est décédé en 2008, après avoir passé deux ans hors de l’Église, une sanction imposée en 2006 par le pape Benoît XVI et le Saint-Clergé sur fond d’enquêtes et de l’émergence de divers témoignages de victimes d’actes pédophiles. Marcial Maciel a ainsi reçu l’ordre de renoncer à tout ministère sacerdotal public et "de conduire une existence retirée dans la prière et la pénitence".

L’Église au cœur de scandales pédophiles

Cette révélation apparaît au moment où ont été publiées de nombreuses données sur le nombre de victimes de pédocriminalité au sein de l’Église catholique en France. Selon les données du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, environ 216.000 mineurs ont subi des violences sexuelles depuis 1950. Ce nombre peut grimper "si l’on ajoute les agresseurs laïcs travaillant dans des institutions de l'Église catholique", a souligné le président de la commission, Jean-Marc Sauvé.

Révélations des Pandora Papers

Cette enquête à laquelle ont collaboré environ 600 journalistes s'appuie sur quelque 11,9 millions de documents qui proviennent de 14 sociétés de services financiers et a mis au jour plus de 29.000 sociétés offshore.
Parmi les personnalités mentionnées dans l’enquête figurent plusieurs dirigeants, dont le Premier ministre tchèque, le roi de Jordanie ou les Présidents du Kenya et d'Équateur, lesquels ont été mis en cause pour avoir dissimulé des avoirs dans des sociétés offshore, notamment à des fins d'évasion fiscale.
Selon l’enquête, la princesse marocaine Lalla Hasnaa a acquis une maison dans un quartier huppé de Londres, alors que le Premier ministre tchèque, Andrej Babis, a utilisé des schémas offshore pour investir 22 millions de dollars (19 millions d’euros) dans l’achat d’un somptueux château et un terrain de plusieurs hectares en France.
Discuter