Un maire du Nord interdit l’alcool lors des cérémonies officielles

L’alcool n’est plus autorisé lors des cérémonies officielles à Lambersart, dans les Hauts-de-France, l’une des régions en présentant les plus fortes consommations. Interrogé par BFM TV, son maire qui était médecin-psychiatre veut ainsi prévenir les "dégâts causés par l'alcool au niveau de la santé mentale, au niveau des relations familiales".
Sputnik
Le maire de Lambersart (Nord) Nicolas Bouche a interdit l'alcool lors des cérémonies officielles, rapporte le 4 octobre BFM TV.

"Je pense qu'une mairie et toutes les collectivités se doivent d'être exemplaires et de montrer l'exemple", indique au média l’édile qui veut montrer "qu'on peut vivre des moments festifs et joyeux sans alcool".

Médecin-psychiatre, il dit avoir été "confronté tous les jours aux dégâts causés par l'alcool au niveau de la santé mentale, au niveau des relations familiales".
Nicolas Bouche note pourtant qu’il ne s’agit pas d’une mesure nouvelle. "On a décidé dès l'installation l'été dernier", mais la crise sanitaire n’a pas permis d’organiser d’événements depuis.
Il estime que cette initiative est "plutôt très bien vue" par la plupart de ses administrés.

"Devant moi il n'y a pas eu de critiques. Sur les réseaux sociaux, il y a des gens qui estiment que Lambersart va devenir Kaboul, que l'on va tout interdire [...] et d'autres, comme nous, pensent que c'est une mesure intelligente", précise-t-il à la chaîne d’information.

L’élu considère qu’il est "très difficile" en soirée d'oser dire: "non, je ne prends pas d'alcool", ce qui nécessite "beaucoup de courage". Cependant, selon Nicolas Bouche, après cette interdiction, un de ses administrés lui a dit: "merci, parce que maintenant quand je prendrai un verre de jus d'orange, tout le monde aura un jus d’orange et je ne serai pas différent".

Un fléau dans la région

Cette initiative reflète aussi l’aspiration de l’Agence régionale de santé à réduire la consommation d’alcool dans les Hauts-de-France, l’une des trois régions les plus touchées, indique le bulletin de santé publique publié en janvier 2020.
Comme le note le document, ces niveaux de consommation sont parmi les plus élevés d’Europe et les dommages causés sur la santé sont considérables. En effet, l’alcool constitue "la deuxième cause évitable de mortalité par cancer après le tabac dans la région".
Le taux de mortalité cumulée associé aux différentes pathologies liées à la boisson dans les Hauts-de-France était de 22,5 pour 100.000 habitants chez les femmes et de 77 chez les hommes alors qu’en France, en moyenne, ce taux atteint respectivement 12 et 49,2.

Le Pas-de-Calais et le Nord parmi les mauvais élèves

Une situation préoccupante est observée dans le Pas-de-Calais et le Nord où les taux de mortalité cumulée sont "plus de 10% supérieurs à celui de la région" pour les femmes.

"Dans les Hauts-de-France, les dommages sociosanitaires liés à l’alcool demeurent bien supérieurs à la moyenne nationale", précise le texte. "Les effets sur la santé restent souvent mal connus ou sous-estimés", tout comme le risque "même à faible dose".

Comme l’ajoute le bulletin, Santé publique France "poursuit et amplifie la promotion des repères de consommation et travaille sur l’opportunité de concevoir un nouveau dispositif fédérateur susceptible de déclencher des changements de comportements et donc de réduire les risques associés à la consommation nocive d'alcool".
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