Dernière œuvre du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), les Pandora Papers contiennent des documents mentionnant des dizaines de politiciens, actuels ou anciens, et des centaines de fonctionnaires, et mettent au jour plus de 29.000 sociétés offshore.
Pour le député européen Thierry Mariani (RN), le problème de l’évasion fiscale en Europe est plutôt une conséquence d’un niveau élevé de taxation.
"La fraude fiscale est aussi ancienne que la fiscalité elle-même et les gens se donnent beaucoup de mal pour trouver des "solutions" créatives, légales ou non, si le niveau de taxation est très élevé. L'Europe a la lourde spécialité de taxer à des niveaux incroyablement élevés: 50% et plus de ce que vous générez revient (sic) à l'État. Pas étonnant que les gens essaient, parfois illégalement, de payer moins d'impôts", constate-t-il dans un entretien à Sputnik.
Bercy s’est engagé à vérifier la présence ou non de résidents fiscaux français parmi les personnes mentionnées dans les Pandora Papers, a pour sa part réagi auprès de l’AFP le ministre de l'Économie Bruno Le Maire.
"Optimisation" des profits
Les États devraient décider ensemble de ce qu'il faut faire des paradis fiscaux, estime Thierry Mariani.
"S'ils sont autorisés à exister, comme c'est le cas actuellement, et que la législation nationale n'interdit pas aux citoyens ou aux entreprises d'utiliser ces paradis fiscaux, alors pas étonnant que les personnes qui peuvent se le permettre essaient d'optimiser leurs profits et paient le moins d'impôts possible […]. Le Parlement européen pourrait se pencher sur la question de ce qui doit être autorisé et de ce qui ne l'est pas en ce qui concerne les paradis fiscaux."
Pour que les citoyens respectent leurs dirigeants politiques, "la corruption et l'évasion fiscale dans le monde politique doivent être combattues sérieusement", insiste-t-il.
"S'il y a fraude fiscale, un homme politique doit être puni comme tout autre citoyen, ni plus ni moins, et bien sûr il doit au moins voir son mandat politique remis en cause. Dans ces dossiers Pandora, pour ce que j'en ai lu jusqu'à présent, il n'y a pas d'accusation spécifique de fraude fiscale pour les personnalités qui ont été mentionnées. La justice doit faire son travail", poursuit l’eurodéputé.
Refuge fiscal américain
À la question de savoir s’il faut s’attendre à une enquête profonde de la part des autorités américaines après que le pays a été désigné comme un important paradis fiscal, l’ex-ministre dénonce une "hypocrisie […], une grande caractéristique de la vie publique américaine".
"L'un des plus grands paradis fiscaux, refuge pour les escrocs et les fraudeurs fiscaux est l'État du Delaware, sur la côte est américaine. Mais ce n’est pas le seul; le Dakota du Sud s’en est fait une spécialité et dans une moindre mesure la Floride ou le Nevada. Alors, laissez-nous sourire quant à la volonté du gouvernement fédéral américain de s'attaquer à ce problème d'évasion fiscale dans d'autres pays. Ils devraient commencer à nettoyer sur leur propre seuil", assène Mariani.
Pour autant, l'Europe n’est pas en reste "avec le Luxembourg, la Suisse et d'autres pays spécialisés dans l'optimisation fiscale créative, parfois jusqu'à la fraude fiscale", conclut-il, rappelant un autre scandale financier, Luxleaks, concernant les autorités fiscales luxembourgeoises.
Les révélations des Pandora Papers
Dans le cadre de cette enquête, l’ICIJ a analysé 11,9 millions de documents provenant de 14 sociétés de services financiers. Ces nouvelles révélations suivent les Offshore Leaks, Panama Papers et China Leaks.
Au total, 600 Français apparaissent dans les Pandora Papers, d’après Le Monde qui a eu accès aux données confidentielles de l’enquête. Cependant, certains d’entre eux peuvent être résidents fiscaux d'autres pays.