Pandora Papers

Le Premier ministre tchèque donne des explications sur son château sur la Côte d’Azur

Épinglé par l’enquête des Pandora Papers, Andrej Babis, Premier ministre tchèque et ancien homme d’affaires, nie être le propriétaire d’un somptueux château dans le sud de la France, mais ne conteste pas des achats de biens immobiliers via des sociétés offshore dans le passé.
Sputnik
Andrej Babis, Premier ministre tchèque, classé deuxième fortune du pays par le magazine Forbes en 2017, a réagi de manière équivoque à l’information rendue publique par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) selon laquelle il possède des biens immobiliers en France acquis via un montage complexe.
Le 4 octobre, au lendemain de la révélation, dans une brève intervention auprès de plusieurs médias tchèques, il a nié être personnellement propriétaire d'un bien immobilier en France, mais a ajouté que la méthode de l'achat par le biais de sociétés offshore lui avait été recommandée par une agence immobilière il y a 12 ans avant son entrée dans la politique.

"C'était une recommandation d'une agence immobilière. Elle a recommandé d'acheter par l'intermédiaire d'un avocat. Ce n'est pas illégal", a-t-il déclaré en répondant à la question d’un journaliste pour savoir pourquoi il n'avait pas acheté de biens immobiliers directement, mais via une chaîne de sociétés opaques, rapporte Seznam News.

D’après l’ICIJ, Andrej Babis a utilisé des schémas offshore pour investir 22 millions de dollars (19 millions d’euros) dans l’achat du château Bigaud, situé à Mougins, et un terrain de plusieurs hectares dans le sud de la France tout en gardant secret son titre de propriété. Au total, il posséderait 16 biens immobiliers en France, et les sociétés montées pour cette transaction n’ont pas été déclarées en Tchéquie, selon l’enquête.
Interrogé par la chaîne CT24, le Premier ministre a pourtant admis que l’achat via des offshore était incompatible avec une carrière politique, soulignant qu’à l’époque, en 2009, il n’était pas encore engagé: "Un politique ne peut pas se le permettre, mais j'ai fait la transaction il y a 12 ans".
Surnommé le "Trump tchèque", Andrej Babis a été le fondateur du groupe Agrofert, actif dans la chimie, l’agroalimentaire et les médias, avant de se lancer dans la politique en 2013. En 2017, le magazine Forbes a estimé sa fortune à près de 3,5 milliards d'euros.

"Rien d'illégal ou de mal"

Le 3 octobre, date de la publication de l’enquête baptisée Pandora Papers, Babis a dénoncé un complot monté contre lui pour compromettre son parti avant les élections législatives des 8 et 9 octobre.
"Je n'ai jamais rien fait d'illégal ou de mal, mais cela ne les empêche pas d'essayer de me dénigrer à nouveau et d'influencer les élections législatives tchèques", a-t-il tweeté, ajoutant qu’il s’attendait à "ce qu'ils viennent lui tirer" dessus avant les élections.
Ces déclarations ont été faites malgré le fait que l’homme politique tchèque ne soit pas le seul responsable à avoir été épinglé par la vaste enquête de l’ICIJ: le roi de Jordanie, les Présidents équatorien, congolais et le Premier ministre ivoirien y figurent également.

Refus d’accréditation pour les médias investigateurs

Le 29 septembre, quelques jours avant la publication des Pandora Papers, la présidence tchèque a refusé au média local Investigace.cz et au Monde, partenaires de l’ICIJ dans cette enquête, l’entrée à la conférence de presse de Babis avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban.
Cette interdiction a été qualifiée "d’inacceptable" le 4 octobre par Clément Beaune, secrétaire d'État chargé des Affaires européennes.
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