En pourparlers avec l’Iran, l’Arabie saoudite se montre "soucieuse de son image et de sa stabilité"

L’Arabie saoudite multiplie les contacts diplomatiques sur divers fronts, y compris avec l’Iran, pour soigner son image aux yeux du monde, analyse Haoues Seniguer, universitaire, au micro de Rachel Marsden.
Sputnik
Quelle sera la place de Riyad dans le nouvel ordre mondial? L’Amérique de Joe Biden se désengage de plus en plus du Moyen-Orient et pivote vers l’Asie avec une focalisation presque obsessionnelle sur la Chine.
Dans un geste qui aurait pu déclencher une crise diplomatique, le Président US a autorisé la publication de documents classifiés liés à l’implication de l’Arabie saoudite dans les attentats du 11-Septembre à l’occasion du 20e anniversaire de ces actes terroristes aux USA. Haoues Seniguer, coauteur de Le Lobby saoudien en France: Comment vendre un pays invendable (Éditions Denoël) estime que Joe Biden n’a pas pris de gros risque en rendant publics ces dossiers:
"Du temps a passé, même si la blessure est difficilement cicatrisable. Et le Président américain sait que cela n’entamera pas la relation forte entre les deux pays."
Joe Biden se démarque tout de même de l’attitude plus que complaisante de son prédécesseur Donald Trump envers le royaume. L’universitaire considère qu’il ne s’agit pas de dénoncer les relations avec l’Arabie saoudite, ce serait plutôt d’une réorientation:
"Les États sont des monstres froids. Ils sont incarnés par des chefs d’État et des gouvernements, mais les États-Unis veulent maximiser leurs intérêts. S’il en va de leur intérêt, ils ne dénonceront pas les relations avec l’Arabie saoudite."
Le Président américain a également indiqué qu’il souhaitait la fin de la guerre que mènent les Saoudiens (avec le soutien des États-Unis) au Yémen contre les Houthis, appuyés par l’Iran. Mais un rapprochement entre adversaires régionaux pourrait déjà être en cours. Alors que Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du Président américain, discutait d’une stratégie de sortie de crise au Yémen avec le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, des pourparlers ont également eu lieu à Bagdad entre le royaume et l’Iran.
"Décrispation" entre l’Arabie saoudite et l’Iran? "Sur le fond, les tensions restent importantes"
Qu’est-ce que tout cela signifie pour l’avenir de l’Arabie saoudite et sa place dans un monde en évolution si rapide? Pour Haoues Seniguer, la volonté de Riyad de mener des pourparlers avec l’Iran relève d’une stratégie bien réfléchie:
"Le fait de se rapprocher de l’Iran montre bien qu’en dépit des divergences idéologiques et de la volonté de leadership des uns et des autres, l’Arabie saoudite a dû tenir compte de ces évolutions, soucieuse de l’image qui est la sienne et de sa stabilité. "
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