Visée par une avalanche de critiques pour son refus d’appeler les Guyanais à la vaccination, Christian Taubira a défendu sa position et pointé l’absence d’autres solutions.
"Qu’est-ce qu’on apporte comme solution à cela? On fait des phrases sur moi", s’est-elle emportée le 29 septembre sur France 5 dans l’émission "C ce soir", au lendemain de la diatribe faite par Olivier Véran qui accusait l’ancienne Garde des Sceaux de "lâcheté".
"C’est la première fois qu’on m’accole un tel vice", a-t-elle lancé, en soulignant une polémique "obscène".
Vaccinée, Christiane Taubira, originaire de Guyane, a rejeté l’efficacité des incitations à l'immunisation en raison du manque de confiance envers les autorités et des actions des réfractaires.
"La question n’est pas d’appeler une population largement réticente à la vaccination. La question est de mettre un terme à la guerre de tranchées qui se joue sur le territoire, où vous avez d’un côté une haute fonction publique qui varie dans ses consignes, qui se contredit dans ses explications, et où en face vous avez des protestataires qui ont perdu tout sens de la mesure, qui bloquent partout sans cohérence et sans perspective, des lieux nécessaires à des usagers vulnérables".
Une semaine plus tôt, l’ex-ministre avait pointé sur RTL ne pas avoir de "vocation à appeler à la vaccination", car elle "n’est pas en exercice". Raison pour laquelle elle s’est dite ne pas disposer d’éléments d’informations suffisants pour tenir un propos responsable.
Un responsable guyanais du même avis
Au plus fort d’une nouvelle vague épidémique dans ce département, le président de l'Assemblée de Guyane a refusé d’appeler à se faire injecter des vaccins anti-Covid, en justifiant cela par ses propres convictions.
"Je ne peux pas appeler clairement la population de la Guyane à aller se faire vacciner parce que je ne suis pas particulièrement convaincu que c’est la démarche qu’il faut que j’initie aujourd’hui", a déclaré Gabriel Serville, avant d'ajouter: "Je n'ai pas été élu pour ça".
Bien que Christiane Taubira campe sur ses positions, elle a fustigé les antivax dont les arguments sont "un tissu d’imbécillités".
Auparavant, elle avait trouvé bon de nommer un médiateur pouvant rétablir la confiance entre les responsabilités politiques et sanitaires ainsi que la population, au lieu de "culpabiliser" cette dernière.
Situation sanitaire
D’après Santé publique France, 276 nouveaux cas positifs et 113 nouveaux patients admis à l’hôpital ont été recensés. 32 personnes ont été placées en réanimation. Le taux d’incidence est de 537 sur 100.000. Cette vague ne cesse de monter depuis fin juillet, alors que seul un tiers de la population a suivi un schéma vaccinal complet.
Les autorités sanitaires déplorent le manque de lits et la réduction du nombre des soignants sur fond du mouvement contre l’obligation vaccinale.
"On a besoin de six infirmières chaque jour aux urgences, nous nous retrouvons très souvent à trois", a indiqué le docteur Crépin Kezza, chef des urgences et directeur de crise à l’hôpital de Saint-Laurent-du-Maroni, auprès du Monde.
La faible part des vaccinés dans les rangs des soignants est également constatée. L’Agence régionale de santé informe qu’à peine la moitié des infirmiers hospitaliers du département ont reçu une dose. Quant aux aides-soignants, ils sont seulement un quart.