"Cette décision qui est intervenue sans consultation préalable avec la partie algérienne comporte l'anomalie rédhibitoire d'avoir fait l'objet d'un tapage médiatique générateur de confusion et d'ambiguïté quant à ses motivations et à son champ d'application. Monsieur Rachid Chakib Kaid a mis en évidence la place centrale de l'élément humain dans la relation algéro-française et souligné la nécessité d'une gestion équilibrée, transparente et conforme aux instruments juridiques bilatéraux et universels du phénomène des mobilités des personnes, concluant que l'Algérie déplore cet acte malencontreux qui frappe de précarité et d'incertitude un domaine sensible de coopération postulant la confiance ainsi que le respect de la dignité des personnes humaines et des engagements pris par les deux gouvernements", précise un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères.
En attendant de venir à Alger…
"On ne vient pas annoncer une mesure pareille dans une émission de radio, ce n’est pas sérieux. Le Président Macron prépare sa candidature, le porte-parole du gouvernement a donc été chargé de communiquer sur cette décision qui permet aux officiels de jouer dans le même registre que Marine Le Pen et Éric Zemmour. En fait, cela intervient dans le sillage de l’annonce par le Président français d’un projet de loi sur la reconnaissance et la réparation à l’égard des harkis", indique l'interlocuteur de Sputnik.
"En France, l’islam et l’immigration sont des sujets qui permettent à une personnalité politique de gagner 10 à 15% des votes. C’est une réalité. Emmanuel Macron est un politicien, il change son discours selon le contexte. Il va adapter sa stratégie selon la situation nationale et un électorat qui est très exigeant sur les questions d’immigration. C’est tout ce qui l’intéresse. Pour les Européens, l’immigration permet de changer le paysage politique. S’il n’y avait pas de migrants, ils seraient partis les chercher, car c’est grâce à eux que l’on perd ou que l’on gagne les élections. C’est un discours qui est payant, d’ailleurs les migrants devraient se faire payer rien que pour ce qu’ils sont", ironise Khalid Mouna.
Confusion
"Je dois reconnaître que j’ai apprécié la déclaration du ministre marocain des Affaires étrangères lorsqu’il a dit que c’est un problème franco-français. Le vrai souci en France, c’est que les problèmes d’emploi, d’insertion professionnelle et de délinquance sont systématiquement liés à des Français de quatrième et de troisième génération. Il y a une véritable confusion entre l’histoire de la migration et la migration actuelle. Et c’est cette confusion qui permet de peser sur l’opinion. La criminalité des migrants est insignifiante, mais les politiques font en sorte de la lier à la situation dans les banlieues. Sauf que l’insécurité dans les banlieues n’est pas un problème migratoire. Ce n’est pas le problème des gouvernements algérien ou marocain. Si ces Français gardent des liens avec leurs pays d’origine, cela ne fait pas d’eux des migrants", note le professeur en anthropologie.
"Il y a eu beaucoup de demandes françaises ces dernières années, notamment après les attentats terroristes. D’ailleurs, les autorités tunisiennes ont mis en place des vols réguliers pour ces rappariements. Il faut comprendre que nous n’étions pas obligés d’assurer un tel engagement, car cette procédure qui arrange la partie française n’est pas mentionnée dans l’accord-cadre relatif à la gestion concertée des migrations et au développement solidaire signé entre les deux pays en juillet 2009", assure la source diplomatique tunisienne qui s’est exprimée sous couvert de l’anonymat.