Les soignants ulcérés par les incivilités à leur encontre alors qu’ils étaient applaudis il y a peu

La direction de l’hôpital d’Antibes a pris 30 mesures afin de contrecarrer "le climat de violence [qui] s’est nettement détérioré", le nombre d’incivilités contre les soignants continuant d’augmenter. Pointant l’aggravation de la sécurité des médecins depuis la crise, un syndicat préconise la tolérance "zéro" pour leurs auteurs.
Sputnik
Pour protéger son personnel contre les incivilités, dont les agressions verbales et les gestes violents, les autorités de l’hôpital d’Antibes, dans les Alpes-Maritimes, ont décidé d’opter pour la tolérance zéro.
"Le climat de violence s'est nettement détérioré. Depuis la mi-août, nous avons enregistré six signalements et quatre plaintes ont été déposées par des soignants et des agents hospitaliers après des agressions essentiellement verbales, des insultes, des incivilités et des gestes violents de la part de famille de patients", explique auprès de France Bleu Bastien Ripert, directeur de l'hôpital du centre hospitalier d’Antibes.
Un incident est par exemple survenu lorsqu’un couple est venu faire un test pour le pass sanitaire.
"Quand je leur ai répondu qu'ils devaient aller dans un laboratoire, j'ai reçu des insultes: N*que ta mère, t'es qu'une gr*sse c*nn*sse, t'es une p*te, dans les hôpitaux publics vous servez à rien et vous êtes des racistes", déplore une jeune infirmière, regrettant de ne pas avoir porté plainte alors que ce type d’incidents est "fréquent".
Tolérance "zéro"
Ainsi, l’hôpital, accueillant quelque 50.000 patients annuellement, a élaboré "une riposte" qui comprend 30 mesures drastiques, parmi lesquelles:
- des restrictions des visites (limiter le temps de visite, le nombre de personnes pouvant accompagner un patient);
- le déploiement de nouvelles caméras de vidéosurveillance, en plus des 70 déjà installées;
- l’encouragement du dépôt de plainte;
- le renforcement de la présence d’agents de sécurité.
"Nous sommes aussi le reflet de la société. Une société impatiente et violente. Il y a 18 mois on nous applaudissait maintenant on nous crache dessus. Et ce n'est plus tenable", insiste Éric Reau, du même service, qui refuse de lier le climat de tensions à la crise.
Cependant, pour le Dr Philippe Vermesch, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), le lien est évident.
"L’insécurité ne date pas d’aujourd’hui. Mais cela s’est aggravé depuis la crise sanitaire", soulignait-il mi-septembre auprès du Quotidien du médecin. "Il faut acter une impunité [sic] zéro pour les auteurs de violences, crimes et délits avec des peines plus dures quand les actes ciblent les médecins".
Outre les cas signalés à l’hôpital d’Antibes, on en dénombre d’autres, et parfois plus graves. Fin août, un homme a agressé une infirmière au centre de vaccination de Verneuil-d’Avre-et-d’Iton (Eure) alors qu’il tentait de voler un pass sanitaire sans se faire immuniser.
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