Les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni ont annoncé le 15 septembre la formation d'une nouvelle alliance militaire. Première conséquence de celle-ci, nommée AUKUS: l'annulation d'un contrat géant avec la France portant sur des sous-marins. La Chine se dit pour sa part inquiète d’une éventuelle course aux armements dans la région.
"Le développement de la coopération entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie dans le domaine des sous-marins nucléaires sous n’importe quelle forme que ce soit la location, l’exportation, les recherches et l’élaboration en commun, exacerbera sérieusement la course aux armements dans la région, sapera la paix et la stabilité régionales, nuira aux efforts dans le domaine de la sécurité nucléaire internationale et mettra en péril la paix et la sécurité mondiales", a déclaré Wu Qian, porte-parole du ministère chinois de la Défense.
Il a souligné que "la Chine le condamne et s'y oppose fermement".
La France inquiète
Après la ministre des Armées Florence Parly qui avait dit que l’affaire des sous-marins devait pousser l’Europe à s’organiser pour défendre ses intérêts dans le monde, Jean-Yves Le Drian, auditionné le 29 septembre par les sénateurs sur cette crise, n’a pas caché non plus son inquiétude face à cette nouvelle alliance tripartite:
"AUKUS est en fait le nom d’une alliance militaire nouvelle, l’alignement sur une logique qui systématise la confrontation, voire la confrontation militaire".
Il a estimé que le choix opéré par l’Australie équivalait à une perte de souveraineté en faveur des États-Unis, ce qui ne peut que renforcer les tensions avec la Chine dans la zone indopacifique.
"Il y aurait beaucoup à dire sur l’abandon de souveraineté que représente l’abandon du programme Attack, et le saut dans l’inconnu que représente pour les Australiens le choix de recourir à une technologie qu’ils ne maîtrisent pas, qu’ils ne maîtriseront pas dans l’avenir et qui les met donc à la merci des évolutions de la politique américaine".
"Rien n'est convenu"?
Une véritable crise a éclaté après la décision de l’Australie de rompre son contrat avec la France et de refuser ses sous-marins à propulsion diesel-électrique au profit de submersibles américains à propulsion nucléaire.
Expliquant la décision de Canberra, la chaîne de télévision nationale ABC avait précisé que les sous-marins à propulsion nucléaire, comparés à ceux qui fonctionnent au diesel-électrique, étaient plus rapides et plus silencieux et devaient refaire surface moins souvent.
Cependant, l’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull, à l'origine de l'accord, a estimé ce 29 septembre devant le National Press Club à Canberra qu’aucun contrat concret ne prévoit de doter l'Australie de sous-marins à propulsion nucléaire.
"Rien n'est convenu. Il n'y a pas de conception, pas de devis, pas de contrat. Seule certitude, nous n'aurons pas de nouveaux sous-marins avant 20 ans et leur coût sera bien supérieur à celui des sous-marins français", a fait remarquer Malcolm Turnbull.