La CFDT craint "une bombe" dans le pays si une idée de Philippe était mise en place

Après avoir amorcé la réforme des retraites quand il était Premier ministre, Édouard Philippe souligne l’importance de reporter l’âge limite afin de réduire la dette du pays. Pour la CFDT, cela risque d’avoir l’effet d’"une bombe" dans "un pays bien agité, bien fatigué démocratiquement".
Sputnik
Suivant l’exemple des pays européens, où l’âge de départ à la retraite a été repoussé, comme en Allemagne ou en Italie, la France devrait en faire de même, juge l’ancien Premier ministre dans le numéro de Challenges paru le 29 septembre.
"Ce n’est pas une mesure facile à porter, cela peut être progressif, mais ceux qui promettent de régler la question des retraites sans augmenter la durée de la vie active mentent aux Français", estime le maire du Havre qui, quand il était à la tête du gouvernement, avait débuté la réforme des retraites en activant l’article 49-3, avant que la pandémie n’éclate et qu’il ne quitte Matignon en pleine crise sanitaire.
"La première réforme à faire est celle des retraites […]. La seule solution raisonnable est donc d’allonger la durée de vie active en repoussant l’âge de départ à la retraite à 65, 66 ou 67 ans […]. Si nous décalons nettement l’âge de la retraite, nous retrouverons même des marges de manœuvre budgétaires", précise la personnalité politique préférée des Français qui progresse depuis un an dans les baromètres de popularité.
Rappelant qu’avec "près de 330 milliards, les pensions constituent de loin le premier poste budgétaire –plus d’un quart de la dépense publique – et le premier foyer d’économies possible", l’auteur d’"Impressions et lignes claires" assure que "personne n’imagine appauvrir les retraités en diminuant les pensions".
"Ce serait une bombe"
Invité ce jeudi sur Franceinfo, le secrétaire général de la CFDT (Confédération française démocratique du travail) dénonce cette proposition.
"Je ne crois pas qu'il faille faire payer l'ensemble de la question de la dette dans notre pays à la question des retraites", juge Laurent Berger. "Dans un pays bien qui est déjà bien agité, bien fatigué démocratiquement, ce serait une bombe de faire un truc pareil."
Il tient à rappeler que la moitié des séniors arrivant à l’âge de la retraite n’ont déjà plus d’emploi, car les entreprises les ont "mis dehors". Selon M.Berger, il y a des entreprises où il n’est pas possible de travailler quand on a 67 ans, comme les abattoirs, où il se rend "de temps en temps".
"Toutes les mesures" approuvées pour relancer l’économie
Toujours auprès de Challenges, Édouard Philippe avance l’idée de ne pas fusionner les 42 régimes de retraite existant en un seul, mais préconise d’en conserver trois: "les salariés du privé, les fonctionnaires et les indépendants".
Alors que "la France sort juste de la pandémie du Covid-19", Édouard Philippe approuve "toutes les mesures destinées à relancer l’économie".
"Distribuer un revenu pour les jeunes en prenant le risque de désinciter à l’entrée sur le marché du travail me paraît en revanche plus contestable. Mais je ne doute pas que le Président en a parfaitement conscience", conclut celui qui a plus tôt assuré son "soutien complet" à Emmanuel Macron pour la présidentielle 2022.
Actuellement, l’ancien Premier ministre se prépare au lancement de son parti politique "en vue de la structuration de la future majorité", selon un courriel envoyé à son réseau d’élus.
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