Alors que tous les regards semblent tournés vers la prochaine présidentielle, l’exécutif veut s’atteler à des réformes électorales à plus long terme. Le gouvernement réfléchi notamment à mettre en place le vote à distance, a déclaré Gérald Darmanin sur BFM TV.
Le ministre de l’Intérieur a cependant marqué une nuance entre le vote à distance et celui par correspondance, abrogé en 1975. Il s’est surtout appesanti sur la version électronique, soulignant que les mesures visant à garantir "l’identité numérique" progressaient, à l’image de la nouvelle carte d’identité numérique.
Gérald Darmanin a néanmoins concédé que la question était rendue délicate par la loi française. Il a affirmé que la Constitution contraignait la France "dans des dispositions que ne connaissent pas d’autres pays étrangers" et qu’il faudrait sans doute aplanir les obstacles de ce côté-là.
"Dans son programme, le Président a dit qu’il était favorable au vote à distance. Je travaille, sous son autorité, à le mettre en place. Il faut regarder ce que l’on doit changer, y compris en termes de réformes constitutionnelles", a ainsi déclaré le ministre sur BFM TV.
Gérald Darmanin a encore spécifié que le vote à distance ne serait pas mis en place pour la prochaine présidentielle ni pour la législative qui suivra, faute de temps.
En décalage avec Macron?
Interrogé sur ses propres convictions vis-à-vis de ce type de vote, Gérald Darmanin s’est cependant montré plus frileux. Il a pris ses distances, soulignant qu’il mettait avant tout en œuvre les volontés présidentielles. Il a dit tenir à la dimension "solitaire" du vote, qui devait être garantie par-delà la modernisation des modes de suffrages.
"Je suis attaché au fait que le vote ait un caractère absolument solitaire. Il ne faut pas que votre mari, votre curé, vos enfants, votre communauté voit comment vous votez et vous oblige à voter autrement. La démocratie française, c’est être seul dans l’isoloir", a-t-il ainsi affirmé.
Ce décalage entre la position d’Emmanuel Macron et celle de son ministre de l’Intérieur s’était déjà manifesté durant la pandémie. Le Président avait en effet rouvert la porte au vote par correspondance en novembre 2020, cherchant en interne à dégager "un consensus" sur la question, comme le rapportait alors le Journal du Dimanche.
Gérald Darmanin était en réaction monté au créneau, déclarant dans Le Parisien être "opposé à cette disposition". Le ministre évoquait déjà le risque des "pressions communautaires" ou familiales sur les électeurs.
Une méthode controversée
Serpent de mer qui ressurgit à chaque scrutin, en vue de lutter notamment contre l’abstention, le vote à distance est sujet à controverses. Il a agité la dernière élection américaine, Donald Trump répétant à plusieurs reprises que les bulletins postaux avaient permis des fraudes massives, côté démocrate.
En France, un rapport du Sénat daté de décembre 2020 stipulait que "les conditions [n’étaient] pas réunies" pour voir le vote par correspondance ou par Internet se matérialiser en 2021. Le document rappelait les risques de cyberattaques et de fraudes sur les plateformes numériques, tout en insistant sur l’importance de glisser son bulletin dans l'urne, véritable "rituel républicain".