S’il n’est toujours pas vacciné contre le Covid-19, Maxime Bernier l’est sûrement contre la critique. Son opposition aux mesures sanitaires a suscité des réactions passionnées durant la dernière campagne fédérale. Avant le jour du scrutin, le 20 septembre dernier, des sondages prédisaient une véritable "vague mauve", mais, sur le fil d’arrivée, la formation de droite conservatrice n’a pas réussi à faire élire de députés à la Chambre des communes.
Oppositions aux mesures sanitaires: la grogne appelée à s’étendre?
Selon le dirigeant du Parti populaire, les résultats indiquent toutefois une plus grande désaffection envers les autres formations, dont les programmes se ressemblent tous à ses yeux:
"Nous visions 4% des voix et nous en avons eu 5% à l’échelle du pays. C’est très encourageant. […] Nous sommes déjà prêts pour la prochaine campagne électorale, durant laquelle nous allons continuer à parler de l’hystérie Covid et du passeport vaccinal, mais aussi sûrement en plus de l’inflation qui arrive à grands pas", souligne l’ancien ministre conservateur des Affaires étrangères (2007-2008).
Après avoir failli prendre la tête du Parti conservateur en 2017 –lequel forme l’opposition officielle à Ottawa–, Maxime Bernier a lancé en septembre 2018 le Parti populaire. Un mouvement destiné à concurrencer son ancienne formation, qu’il juge de plus en plus alignée sur le Parti libéral du Canada, parti du Premier ministre reconduit dans ses fonctions, Justin Trudeau.
"Je veux que les gouvernements respectent les choix personnels des individus"
Seul chef de parti fédéral à critiquer l’ensemble des restrictions sanitaires, Maxime Bernier assure qu’il continuera à s’y opposer et à défendre des "valeurs axées sur la liberté et la responsabilité individuelles". Déclarant publiquement ne pas être vacciné contre le Covid-19, il n’entend toujours pas relever sa manche, ce qui pourrait finir par compliquer ses déplacements et par le fait même, son travail de politicien. En effet, Justin Trudeau a promis de rendre obligatoire le passeport vaccinal pour conditionner l’accès aux trains, autobus et avions à destination d’une autre province.
"Je n’entends absolument pas me faire vacciner. Les risques pour moi de mourir de la Covid sont de 0,5%. J’y vais avec les statistiques. C’est un choix personnel, et je veux que les gouvernements respectent les choix personnels des individus. […] Durant la campagne, Justin Trudeau ne parlait plus de deux doses, mais de vaccination adéquate, ce qui laisse entrevoir un plus grand nombre d’injections à recevoir", s’inquiète le dirigeant politique.
Faisant de la vaccination obligatoire pour les fonctionnaires fédéraux un thème central de sa campagne, Justin Trudeau a plusieurs fois été invectivé par des manifestants. Fin août, des protestataires ont réussi à faire annuler un rassemblement du Parti libéral où il devait prononcer un discours. "Les antivaccins menacent leurs propres enfants et les nôtres", a accusé le chef libéral quelques jours plus tard. Le Premier ministre élu a également été victime de jets de pierre de la part de manifestants en colère, du jamais vu dans une campagne canadienne.
Bernier accusé d’encourager les "antivaccins"
À plusieurs reprises durant la campagne, Maxime Bernier a été accusé dans les médias d’encourager les "antivaccins".
"Pendant que les soignants, vaillants mais épuisés, montaient au front de la quatrième vague, Maxime Bernier soufflait sur les braises du mouvement antivaccin avec un cynisme absolument effarant", a notamment vitupéré l’éditorialiste Isabelle Hachey dans le journal La Presse, le lendemain du scrutin.
Mais pour le principal intéressé, le Premier ministre Trudeau aura lui-même, par son programme, contribué à faire naître ce climat de tension. Maxime Bernier prédit, d’ailleurs, que "les citoyens perdront encore plus de libertés" dans les prochains mois.
"Quand le passeport vaccinal viendra à échéance et qu’il faudra trois doses du vaccin, de plus en plus de Canadiens diront "assez, c’est assez". À ce moment-là, je crains que la discrimination envers les gens non vaccinés ne devienne encore plus grande", avertit notre interlocuteur.
Le 11 juin dernier, l’ex-ministre fédéral été arrêté puis détenu durant huit heures par la Gendarmerie royale du Canada, dans la province du Manitoba. Une scène dont les images ont fait le tour des réseaux sociaux en Amérique du Nord. Les faits reprochés: avoir tenu des rassemblements dans le cadre de sa tournée Mad Max Freedom Tour, en violation des consignes manitobaines.
Aux élections fédérales de 2019, à l’issue de sa toute première campagne, le nouveau venu dans l’arène a obtenu un peu moins de 300.000 votes. Au scrutin du 20 septembre dernier, le Parti populaire a récolté quelque 840.000 voix.