Pays de l'Union et des Balkans doivent se réunir le 6 octobre prochain pour un sommet lors duquel les représentants de Bruxelles doivent renouveler leur promesse d'un soutien "sans équivoque à une perspective européenne pour les Balkans", montre un document daté du 11 septembre que Reuters a pu consulter.
Sans dévoiler leur position officielle, certains pays, dont la France, le Danemark et les Pays Bas, gardent un souvenir mitigé de l'adhésion jugée précipitée de la Roumanie et de la Bulgarie en 2007 et redoutent qu'une arrivée massive de travailleurs étrangers ait un effet dévastateur sur leur opinion publique comme ce fut le cas au Royaume-Uni.
D'autres pays ont des objections de principe, comme la Bulgarie qui entretient une querelle linguistique avec la Macédoine du Nord.
Ces réticences sont le reflet de la paralysie du projet européen de créer une "ceinture de l'amitié" allant de l'Ukraine à la Tunisie, note-t-on à Bruxelles.
Parallèlement, la Chine et la Russie redoublent d'efforts pour étendre leur influence et augmenter leurs investissements. En janvier, la Serbie fut ainsi le premier pays d'Europe à recevoir des vaccins chinois contre le COVID-19.
Le sommet du 6 octobre coïncide avec l'intensification des patrouilles de l'Otan au Kosovo à proximité de postes-frontières bloqués par des populations serbes furieuses de voir les véhicules immatriculés en Serbie interdites d'entrer sur le territoire de l'enclave.
"Il faut qu'ils jouent les éléments perturbateurs pour être remarqués", souligne un diplomate bruxellois. "La détérioration de la situation aux Balkans est alimentée par la perte d'intérêt constatée dans les capitales européennes".
L'UE et les Etats-Unis ont appelé au calme dans la région et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a entamé mardi une tournée de trois jours dans six pays des Balkans pour exprimer les engagements du bloc.
Lors de son déplacement en Albanie, la dirigeante a déclaré qu'elle restait convaincue que l'avenir du pays résidait dans l'UE.
La crédibilité de l'UE en la matière est toutefois écornée, notamment depuis que la France et les Pays Bas ont suspendu il y a deux ans le processus d'élargissement et à plus forte raison depuis que la Bulgarie s'y oppose ouvertement.
Les pays les plus favorables à l'élargissement, Autriche, Italie, Croatie et pays baltes, reprochent quant à eux à la France et à l'Allemagne de ne pas être parvenues à convaincre la Bulgarie de lever son veto.
"Avec autant d'Etats membres qui pensent qu'il ne faut pas étendre davantage l'Union européenne, nous n'allons nulle part", commente John O'Brennan, spécialiste des questions d'intégration européennes à l'université irlandaise de Maynooth.