Lituanie: le gouvernement recommande de se débarrasser des smartphones chinois

Le Centre national de cybersécurité lituanien a constaté dans une enquête des failles dans les téléphones chinois. Il s’agit de risques de censure à distance sur les appareils Huawei, Xiaomi et OnePlus.
Sputnik
Le ministre lituanien de la Défense Magiris Abukevicius a présenté à la presse le 22 septembre à Vilnius un rapport du Centre national de cybersécurité sur les appareils 5G. Ce rapport de 32 pages a testé trois appareils. Il s’agit du Huawei P40 5G, du Xiaomi Mi 10T 5G et du OnePlus 8T 5G.

Logiciels de censure et spywares intégrés?

Dans ce rapport, Xiaomi est particulièrement visée puisqu’il a été constaté qu’un système de censure à distance équipe les smartphones de la marque. En effet, des recherches avec les mots clés "Tibet Libre", "Indépendance de Taïwan" ou encore "Mouvement démocratique" n’ont pas abouti. Il faut noter que ce système de censure est désactivé sur les produits vendus dans l’Union européenne, mais peut s’activer à distance.
Par ailleurs, on apprend qu’un système de collecte de données via des logiciels espions est présent sur ces appareils et que les données collectées partent ensuite sur des serveurs basés à Singapour. Ce mécanisme se manifeste par exemple lors d’envois de SMS. Enfin, des failles de sécurité ont été constatées sur les smartphones de la marque Huawei et de la marque OnePlus.

Par conséquent, le ministère de la Défense lituanien recommande de ne plus acheter de smartphones chinois et de s’en débarrasser dans les plus brefs délais si on en possède un. Il faut savoir que de nombreuses institutions publiques lituaniennes ont fait l’acquisition d’appareils chinois. Cette question devrait être réglée prochainement par un projet de loi qui en interdira l’achat.

Contre-attaque de Huawei et Xiaomi


Si ces failles sont avérées, il s’agit d’une grave atteinte au règlement général de protection des données de l’Union européenne (RGPD). Face à ces accusations, Huawei et Xiaomi ont tenu chacune le 24 septembre à publier un communiqué officiel afin d’exercer leur droit de réponse.
" Les appareils de Xiaomi ne censurent pas les communications à destination ou en provenance de ses utilisateurs. Xiaomi n’a jamais restreint ni bloqué les comportements personnels des utilisateurs de ses smartphones, tels que les recherches, les appels, la navigation sur Internet ou l’utilisation de logiciels de communication tiers et ne le fera jamais.
Nous respectons et nous nous engageons à protéger entièrement les droits légaux de notre communauté. Xiaomi respecte pleinement le règlement général sur la protection des données (RGPD) de l’Union européenne. "

"Huawei a toujours adhéré au principe d’intégrité, respecté les lois et réglementations des pays et régions du monde où notre entreprise opère, et considéré la cybersécurité et le respect de la vie privée comme la plus grande des priorités.
Huawei a une très grande expérience en matière de cybersécurité dans plus de 170 pays et régions et s’est occupé de plus de trois milliards d’utilisateurs. Les données ne sont jamais traitées à l’extérieur des produits Huawei. Huawei agit en toute transparence lorsque la collecte de données est nécessaire et les conserve le moins de temps possible et ce dans le but d’améliorer la personnalisation et l’expérience utilisateur.
Au sujet de l’utilisation des données des smartphones Huawei, l’AppGallery collecte et traite uniquement les données nécessaires pour permettre aux utilisateurs de rechercher, installer et gérer les applications tierces et ce de la même manière que les autres boutiques d’applications du marché. Petal Search et AppGallery ont été certifiées par l’organisme European Privacy Seal pour leur respect du RGPD.
Huawei procède à un test de sécurité pour s’assurer que l’utilisateur puisse uniquement télécharger des applications qui soient sûres et fonctionnelles sur les appareils Huawei Mobile Services. Nous respectons les lois dans chaque pays et région dans lesquels nous opérons et nous portons la plus grande des attentions à nos clients, partenaires et à tous ceux qui utilisent nos technologies."
Des relations diplomatiques gelées depuis des mois
Ce rapport est publié au moment où les relations diplomatiques entre la Lituanie et Pékin sont critiques. En effet, l’ouverture d’une représentation diplomatique de Taïwan à Vilnius avec l’accord de l’Union européenne a mis le feu aux poudres. Il faut rappeler que la Chine ne reconnaît pas Taïwan, préférant le nom de "province de Taipei".
Suite à cela, les relations entre les deux pays se sont dégradées et la Chine a demandé le départ de l’ambassadrice de Lituanie Diana Mickeviciene. Ils ont finalement rappelé leurs ambassadeurs respectifs. Mme Mickeviciene avait alors reçu début septembre le soutien des autres diplomates européens en poste en Chine.
Enfin, on peut dire qu’une sortie de crise n’est visiblement pas à l’ordre du jour puisque le 14 septembre, Diana Mickeviciene s’est félicitée de la venue à Vilnius en octobre d’une délégation taïwanaise afin de développer la question des échanges économiques.
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