Une enquête interne a été ouverte après que plusieurs anciennes patientes ont dénoncé les méthodes brutales du chef du centre endométriose de l'hôpital Tenon à Paris, notamment des violences physiques et verbales.
Il s’agit d’une enquête conjointe avec la faculté de médecine de Sorbonne Université, où enseigne le professeur en question, Emile Daraï, précise l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) à Franceinfo.
Histoire datant d’avant 2000
Un total de "25 témoignages accablants" de patientes et étudiants en médecine font état des "viols gynécologiques, de paroles méprisantes, d'actes non-consentis, d'actes douloureux", précise à BFM TV la fondatrice du collectif Stop aux violences obstétricales et gynécologiques Sonia Bisch.
Une des victimes du gynécologue parisien se souvient de faits survenus en 1996, et depuis que le sujet est paru dans les médias de plus en plus de témoignages de patientes parviennent, pointe-t-elle à la chaîne:
"Il violentait des patientes vulnérables, atteintes d'endométriose, qui ont des douleurs infinies, qui attendent comme le messie leur rendez-vous, qui arrive huit mois après. Des personnes qui mettaient énormément d'espoir dans ce monsieur pour qu'au final elles soient violentées."
Ce qui corrobore les récits recueillis par Franceinfo dans le cadre de son enquête. Ayant placé de grands espoirs dans ce "plus grand spécialiste parisien de l'endométriose", les patientes interrogées décrivent le gynécologue de renom comme un "boucher" ou un "vétérinaire".
"Lorsque l'on pénètre une femme sans son accord, [...] cela s’appelle une agression sexuelle. Le geste du docteur est donc particulièrement choquant, et ses pratiques m’interrogent sur sa déontologie", a écrit l’une de ses anciennes patientes dans un courrier alertant l'Ordre des médecins et l'hôpital Tenon, en 2014, auquel a eu accès Franceinfo.
"Je viens d’assister à un viol et je n’ai rien dit"
Parmi les témoignages publiés par Stop violences gynécologiques et obstétricales, celui d’une étudiante en médecine qui se rend compte qu’elle "vient d’assister à un viol":
"Quand je m'éloigne de la patiente, le médecin s'empare du spéculum. Sans prévenir, il l'insère dans le vagin de la dame. D'un coup. Elle se crispe sous la douleur. [...] Il hurle +détendez-vous+", raconte-t-elle.
En outre, le gynécologue "s'amuse avec les bougies anales dans les patientes endormies pour leur opération du cancer de l'ovaire avancé, en s'exclamant que certaines n'ont pas l'habitude de se faire sodomiser", selon un témoignage d’une autre étudiante.
Le collectif de Sonia Bisch a appelé "toutes les personnes qui souhaitent porter plainte" à se manifester, comptant sur "des plaintes conjointes" qui "ont plus de chances d'être instruites".
Le professeur Daraï a de son côté contesté les accusations qu’il juge "diffamatoires".