La cellule de fact-checking mise en place par BFM TV pour le débat opposant Jean-Luc Mélenchon à Éric Zemmour et censée rectifier, si besoin, les propos tenus par les débatteurs n’a pas toujours été à la hauteur de l’évènement.
Ainsi, en réaction aux déclarations de Jean-Luc Mélenchon qui a parlé du "luxe" qu’est devenue l’électricité pour les Français qui peuvent "passer l’hiver dans le noir", la journaliste Amélie Rosique a affirmé que c’était "faux" et "impossible".
En France, la loi interdit aux fournisseurs d’énergie d’effectuer des coupures de courant durant la trêve hivernale […]. Pas de coupure d’énergie pendant trêve hivernale même si vous n’arrivez pas à payer votre facture d’électricité", fait valoir la journaliste.
La législation pas toujours respectée
Or, il suffit de faire une petite recherche sur les sites des médias français pour s’assurer que l’interdiction de couper le courant pendant la trêve hivernale n’a en effet pas empêché certains fournisseurs d’y procéder durant l’hiver 2019-2020.
Ainsi, en novembre 2019, Le Parisien rapportait que certains ménages des plus fragiles économiquement ont vu leur fourniture d’électricité ou de gaz interrompue "parfois sans le moindre avertissement".
La directrice générale des services au Médiateur de l’énergie, Frédérique Fériaud, avait alors fustigé cette pratique "se faisant au mépris de la législation". La référence des fact-checkers à une interdiction qui ne fonctionne toujours pas a provoqué des railleries des internautes:
Zemmour épinglé sur les fraudes sociales, Prats à sa rescousse
L’adversaire de M.Mélenchon et ex-polémiste de CNews a pour sa part été contraint de s’expliquer pour ses chiffres sur la fraude aux prestations sociales. Alors que M.Zemmour a évoqué "50 milliards d’euros de préjudices par an", la cellule de fact-checking a rétorqué que "les principaux organismes sociaux" n’avaient détecté qu’un milliard d’euros de préjudices en 2019.
Qualifiant ce chiffre de "ridicule", l’essayiste a recommandé à la journaliste "le merveilleux livre de Charles Prats" qui "détaille et explique avec deux millions de cartes vitales".
Plus tard, c’est Charles Prats lui-même qui est monté en créneau pour défendre ses évaluations devant les journalistes de BFM TV en leur présentant un extrait d’une de leurs émissions récentes qui mettait en relief les déclarations de Pascal Brindeau, rapporteur de la commission d’enquête sur la fraude sociale à l'Assemblée nationale.
Selon ce dernier, la fraude sociale "pourrait se trouver dans une fourchette de 3 à 10% des prestations versées", soit entre 14 et 45 milliards d’euros.
Dans les heures suivant le débat, l’écrivain a insisté une fois de plus sur certaines de ses déclarations "réfutées" par les fact-checkers, notamment sur ses prévisions selon lesquelles "au bout de cinq ans de mandat d'Emmanuel Macron, on aura deux millions d'étrangers de plus" en France.
En participant à cette émission, il espérait que ce serait "l'occasion de lancer un vrai débat sur la partialité du "décodage"".