Airbus annonce un énorme contrat militaire avec l’Inde sur fond de scandale avec l'Australie

Airbus Defense and Space et la société indienne Tata Advanced Systems annoncent le lancement d’un partenariat sur la construction de 56 avions militaires Airbus C295. Pour la France, après la rupture par les Anglo-Saxons du "contrat du siècle", l’Inde se dessine comme un partenaire privilégié dans la région indopacifique.
Sputnik
Un grand contrat prévoyant l’acquisition de 56 Airbus C295 a été formalisé par l’Inde, annonce Airbus Defense and Space ce vendredi 24 septembre dans un communiqué conjoint avec la compagnie indienne Tata Advanced Systems.
Il s’agit du lancement du "premier programme aérospatial privé qui s’inscrit dans le cadre de l’initiative Make in India et qui implique la mise en place d’un écosystème industriel complet: de la production à l’assemblage en passant par les essais et la qualification, les livraisons et la maintenance pendant toute la durée de vie des appareils".
Le contrat prévoit que les 16 premiers appareils soient livrés à New Delhi "clé en main" en configuration de transport et équipés d’un système de guerre électronique indien depuis l’usine d’Airbus à Séville, en Espagne. Les 40 avions restants devraient être fabriqués et assemblés en Inde par Tata Advanced Systems (TASL).
"Ce contrat contribuera au développement de l’écosystème aérospatial de l’Inde à travers des investissements et la création de 15.000 emplois directs hautement qualifiés, ainsi que 10.000 emplois indirects au cours des 10 années à venir", selon Michael Schoellhorn, PDG d’Airbus Defence and Space.

"Jalon important" pour Make in India

Le projet est réalisé dans le cadre du programme Make in India, placé par Airbus au cœur de sa stratégie en Inde.
Du côté indien, le partenariat réunit plusieurs compagnies, dont TASL comme principal fabricant, ainsi que Bharat Electronics, Bharat Dynamics et des PME privées.
"C’est une grande fierté pour Tata et un jalon important pour l’écosystème industriel militaire indien. Pour la première fois, une entreprise privée indienne assurera la construction complète d’un avion en Inde", fait savoir le directeur général et PDG de TASL Sukaran Singh.

Avion militaire de transport multitâche

Le C295 est capable de décoller et d’atterrir sur des pistes courtes ou non aménagées pour transporter jusqu’à 71 soldats ou 50 parachutistes et effectuer des opérations logistiques vers les sites non accessibles à des gros porteurs, précise le communiqué.
Permettant également de larguer charges et parachutistes, l’appareil est adapté à l’évacuation de blessés (medevac) au moyen soit de brancards standard, soit d’unités mobiles de soins intensifs (ICU) avec équipement de survie, comme il l’a démontré durant la pandémie de Covid-19.
Compte tenu de l’officialisation de la commande indienne, le programme de C295 compte désormais 278 appareils, dont 200 sont d’ores et déjà en service, cumulant plus de 500.000 heures de vol, ajoute Airbus.
L’Inde devrait devenir le 35e pays au monde à exploiter cet avion, lui permettant de "conforter sa position dominante sur ce segment de marché", selon Michael Schoellhorn.

Technologies françaises pour des secteurs stratégiques de l’Inde?

Mardi 21 septembre, le Président Emmanuel Macron a eu au téléphone le Premier ministre Narendra Modi.
Dans cet entretien, MM. Macron et Modi ont réaffirmé leur volonté de voir la France et l'Inde agir conjointement dans la région indopacifique pour promouvoir la stabilité régionale, le droit et écarter "toute forme d'hégémonie", a annoncé l'Élysée.
Une déclaration faite au milieu de la crise entre la France, d’une part, et les États-Unis et l’Australie d'autre part, provoquée par l’annulation du "contrat du siècle" sur la livraison de sous-marins français à l’Australie pour un montant de quelque 50 milliards de dollars australiens (31 milliards d’euros).
Bien que partenaire historique de la Défense française, selon les experts, l’Inde est fort intéressée aux nouveaux transferts de technologies françaises non seulement dans le domaine militaire, mais aussi dans le secteur nucléaire. Et ce serait logique pour le deuxième pays le plus peuplé du monde d’utiliser ce refroidissement des relations entre la France et les Anglo-Saxons pour obtenir de l’Hexagone des technologies, que les autres pays occidentaux ne sont pas prêts à partager. D’autant plus que, selon l’Élysée, le chef d’État français insiste lui-même sur "l’engagement de la France à contribuer au renforcement de l’autonomie stratégique de l’Inde, y compris sa base industrielle et technologique".
En même temps, face à la Chine, l’Inde se trouve toujours sur l’orbite de la politique extérieure des États-Unis qui ne cessent pas d’établir de nouvelles alliances dans la région indopacifique, dont un exemple tout frais est l’AUKUS. Une thèse confirmée par le fait que, le lendemain de sa conversation avec Emmanuel Macron, le Premier ministre indien s’est rendu sur le continent américain pour participer à une réunion du "Quad", groupe de coopération sur les questions de sécurité réunissant depuis 2007 le Japon, l’Australie, l’Inde et les États-Unis.
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