Task force "Viginum", une militarisation de la lutte contre les fake news?

Une nouvelle cellule contre la désinformation sera mise en place ce mois-ci, avec l’objectif de protéger l’élection française. Analyse du général François Chauvancy, ancien général de brigade de l’armée de Terre, au micro de Rachel Marsden.
Sputnik
"Protéger la démocratie contre les ingérences numériques étrangères", c’est l’enjeux de l'agence nationale de lutte contre les manipulations de l'information baptisée "Viginum". À partir de ce mois de septembre, ce service rendra directement compte au Premier ministre.
En janvier 2022, mentionne le compte-rendu du Conseil des ministres, cette cellule disposera d’"une équipe d’environ 50 agents, notamment des analystes, des ingénieurs spécialistes des données et des experts des médias numériques".
Les citoyens devraient-ils s’inquiéter de l’émergence d’un "ministère de la Vérité" qui contrôlerait le débat public sous couvert de lutte contre la "désinformation", en particulier en cette période de pandémie, déjà privée de débat contradictoire sous le prétexte de "sauver des vies"? Le général François Chauvancy, docteur en sciences de l’information et de la communication, revient sur la mission de ce nouvel outil du gouvernement:
"Ce n’est pas une cellule militaire, encore moins militarisée. C’est un outil politique technique qui permet d’identifier et d’informer sur les actions de désinformation par les médias et les réseaux sociaux. Le but est d’identifier les sources de déstabilisation par l’information qui peuvent menacer la démocratie."
Avec le Covid, on a pu constater que "tout était permis sur les réseaux sociaux", poursuit François Chauvancy. Alors comment saura-t-on que l’outil est fiable?
"C’est l’éternel problème dès qu’on touche à l’information. À quel moment touche-t-on la propagande? Nous avons des institutions, des outils de contrôle, des associations, un système juridique qui permettent d’éviter les dérives et je ne suis pas certain qu’aujourd’hui, un homme politique, quel qu’il soit, oserait manipuler ce type d’instrument. Tout se sait un jour ou l’autre et il prendrait un risque énorme."
La presse l’appelle "la nouvelle arme antifake news du gouvernement". Mais quel sera le moyen de contrôle de cette cellule, qui surveillera les surveillants?
"Cet organisme dépendra du Premier ministre et de la SGDSN, et à sa tête, il y aura un préfet qui n’est pas inféodé à un parti politique. Cet outil a été créé pour prévenir les ingérences étrangères dans le cadre de la sécurité nationale. On veut s’assurer qu’il n’y aura pas de manipulation de l’information qui influencerait les électeurs français pour la prochaine élection présidentielle", explique le général Chauvancy.
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