"Édouard Philippe, c’est l’homme des paradoxes: maire du Havre avec une réputation de Parisien, conseiller d’État souvent vu comme un technocrate rigide et en même temps élu local parfois plus contre-intuitif qu’on ne le pense".
Très critiqué lors du mouvement des Gilets jaunes et au début de la crise sanitaire, l’ancien Premier ministre reste malgré tout la personnalité politique préférée des Français (49% d’opinions favorables selon le baromètre Elabe du 2 septembre dernier).
"Cela tient à deux choses", avance Tugdual Denis, directeur adjoint de Valeurs actuelles. "D’une part une forme de constance malgré des décisions impopulaires de prime abord. Et d’autre part ses trois derniers mois à Matignon: il va à la télévision quasiment tous les jours pour expliquer des choses très graves sur des éléments totalement inconnus des Français. […] Contrairement au Président de la République qui partait dans de grandes envolées, lui vient pour dire “Je ne sais pas”, avec un ton calme et pédago."
Début juillet 2020, Emmanuel Macron s’en est-il séparé par jalousie? Le 14 septembre dernier, Édouard Philippe confirmait son soutien "complet" au chef de l’État en vue de sa réélection en 2022. Ce qui ne veut pas dire que lui-même ne se prépare pas, pour 2027 ou en cas de force majeure. Car le maire du Havre devrait lancer le 9 octobre prochain sa propre formation politique, laquelle serait indépendante de LREM. Signe d’une volonté d’émancipation?
"Je pense qu’Édouard Philippe se prépare à “maintenant”. Plus fondamentalement, il se prépare intellectuellement et psychologiquement à cette notion de “présidentiabilité” qui l’habite", répond Tugdual Denis.