Varsovie prévoit de placer à la frontière les chars Abrams achetés aux États-Unis, a déclaré le ministre polonais de la Défense nationale, Mariusz Blaszczak, à Polskie Radio.
"Au nombre de 250, ces chars modernes seront déployés dans l'est de notre pays", a-t-il indiqué.
Les autorités polonaises avaient précédemment déclaré qu'elles s'attendaient à se voir livrer les véhicules blindés dès 2022. Il s'agit de la version M1A2 Abrams SEPv3. Les livraisons coûteraient environ 23 milliards de zlotys (soit plus de cinq millliards d'euros) à Varsovie. Selon Mariusz Blaszczak, "les meilleurs chars du monde" sont indispensables pour faire baisser le risque d'une attaque contre le pays.
Les politiciens polonais ont affirmé à plusieurs reprises que l'Otan se devait de contrer plus activement la Russie, qu'ils considèrent comme un danger pour la sécurité de leur pays. Moscou a déclaré maintes fois qu’il n'avait pas l'intention d'attaquer d'autres pays, y compris les membres de l'Alliance. Néanmoins – et Vladimir Poutine l’a souligné à plusieurs reprises – la Russie ne restera pas sans réagir aux tentatives de porter atteinte à son territoire ou à limiter son développement.
Le char
Le gouvernement polonais a annoncé le 14 juillet dernier l'achat de 250 chars de combat américains Abrams, dans leur version modernisée, sans dévoiler les modalités de la transaction.
Le M1A2 SEPv3, ultime version de l’Abrams, dispose notamment d’une protection renforcée, de nouveaux moyens informatiques, d’un dispositif d’armes télécommandées ou encore d’une conduite de tir améliorée.
Mais il y a aussi un revers de la médaille: sa masse qui dépasse les 70 tonnes, ce qui en fait l'un des chars les plus lourds au monde. À titre de comparaison, le PT-91 Twardy pèse environ 46 tonnes, le Leopard 2 A5 un peu plus de 59 tonnes et le plus récent Leopard 2 A7 quelque 64 tonnes, fait remarquer le site polonais WP Tech.
Problème avec le carburant et les ponts
Ce qui, toujours selon le site, peut générer de graves problèmes "dans un pays où les infrastructures routières et de ponts ne sont pas appropriées".
Toutefois, des problèmes bien plus importants surgiront devant l'armée polonaise en raison de l'énorme appétit des Abrams en carburant. Car le véhicule consomme plus de 1.500 litres aux 100 kilomètres, alors que le Leopard 2 n’en aurait besoin que d’un peu plus de 730 litres. Et ce doublement de la consommation signifie non seulement une flambée des coûts d'utilisation, mais encore et toujours des problèmes logistiques. Ainsi, l’exploitation des Abrams nécessiterait l'achat, l'utilisation et l'entretien de deux fois plus de citernes, la construction de dépôts de carburant supplémentaires et une reconfiguration complète de l'ensemble du système de distribution.
"En cas d'hostilités, cela pourrait signifier que nos chars deviendraient inutiles à la moindre interruption de l'approvisionnement en carburant", résume WP Tech.
Problème des unités de mesure
L'entretien des Abrams ne serait pas non plus de tout repos, même si le char passe pour être l’un des plus faciles à entretenir. Cependant, le problème est que tout - de la plus petite vis aux réservoirs de carburant – est gradué en pouces, pieds et gallons.
Ce qui nécessiterait l'achat d'outils nouveaux et risquerait de créer la confusion parmi les soldats habitués à utiliser des centimètres, des mètres et des litres.