Guerre froide avec la Chine et la Russie, déclin allemand: les Européens pessimistes

Les Européens sont inquiets quant à l’avenir géopolitique de leur continent, rapporte une étude. La perspective d’une nouvelle guerre froide effraye.
Sputnik
Alors que la débâcle afghane et la crise des sous-marins enflamment la scène internationale, les Européens craignent de nouvelles secousses géopolitiques. C’est en tout cas le constat que tire une étude du Conseil européen des relations internationales (ECFR), qui a interrogé les citoyens des États membres.
En effet, la possibilité d’un conflit larvé entre superpuissances agite les esprits. Deux tiers des Européens pensent que les États-Unis sont d’ores et déjà engagés dans une nouvelle guerre froide avec la Chine (62%), voire avec la Russie (59%).
Fait étonnant: les sondés ne croient pas que leur propre pays soit réellement concerné par ces conflits, mais ils sont beaucoup moins rassurés par l’attitude de Bruxelles. Ils sont 44% à penser que l’Union européenne est bel et bien en guerre contre la Russie, et 31% à en penser de même pour la Chine.
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L’ECFR pointe donc un décalage entre une forme de "bellicisme" bruxellois et la position plus modérée des capitales européennes. L’organisme note qu’ironiquement, la "politique étrangère musclée" de l’UE ne lui a pas permis de faire entendre une "voix souveraine et indépendante", puisque Bruxelles et Washington se retrouvent désormais sur la même longueur d’onde.
"Les dirigeants politiques comme le président français Emmanuel Macron pensaient qu'investir dans la souveraineté collective rendrait l'UE plus indépendante des États-Unis. Mais nos conclusions montrent que les citoyens européens croient que Bruxelles, plus encore que leur propre pays, est l'allié le plus fiable de Washington lorsqu’il s’agit d’affronter la Chine et la Russie", explique l’ECFR en marge de son étude.
Au sujet d’un potentiel conflit avec la Russie, la France constitue une exception notable en Europe. En effet, c’est le seul pays, avec la Pologne, qui pense majoritairement être en guerre froide avec Moscou. Il faut dire que les relations franco-russes ont connu quelques turbulences ces dernières années, depuis la non-livraison des porte-hélicoptères Mistral jusqu’à la récente "guerre du champagne".
Déclin allemand et doutes démocratiques
Autre enseignement de cette enquête: les Européens croient l’Allemagne en déclin. Ils sont 34% à considérer que l’âge d’or du pays de Goethe est désormais révolu, alors que 10% jugent que le meilleur est encore à venir outre-Rhin.
Mais ce crépuscule allemand n’empêche pas les sondés de faire confiance à Berlin pour défendre les intérêts européens. Plus d’un tiers d’entre eux croient que l’Allemagne défend les intérêts économiques du Vieux continent. Un tiers des Européens voient également Berlin comme un porte-étendard de la démocratie et des droits de l’homme.
Mais cette question des valeurs démocratiques n’est justement plus aussi brûlante qu’auparavant. Les Européens n’ont pas l’impression que les régimes démocratiques sont mieux armés que les autocraties pour faire face aux défis modernes. Ce fut particulièrement vrai concernant la pandémie de coronavirus. Seuls 33% des Européens pensent ainsi que les démocraties comme l’Allemagne ou les États-Unis ont mieux géré l’épidémie que des autocraties comme la Chine.
"Les Européens ne croient pas que la distinction entre démocraties et autocraties soit celle qui structure le monde. La plus grande partie des répondants pense que la nature d'un régime politique n'explique pas l'échec ou le succès des gouvernements à faire face à la pandémie ou au changement climatique", note l’ECFR.
L’organisme ajoute que les Européens sont désormais plus préoccupés par les menaces internes pesant sur la démocratie, comme le pouvoir de l’argent ou la polarisation politique, que par la menace de puissances extérieures.
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