Dans les prochaines semaines, Naval Group enverra à l’Australie la somme détaillée des indemnités pour le contrat rompu, a fait savoir le 22 septembre le PDG du groupe français, Éric Pommellet, dans une interview au Figaro.
Le contrat prévoyait la construction et la livraison par la France de 12 sous-marins à propulsion diesel à l’Australie pour le montant de 31 milliards d’euros. Seules les premières phases ont été réalisées.
Tout comme de
nombreux politiques, le PDG de Naval Group a dénoncé l’absence de communication de la part de l’Australie et la brutalité de l’annonce:
Il ajoute que le matin même du 15 septembre, la date de l’annonce de la rupture, Canberra a donné son feu vert pour une nouvelle phase du programme.
L’appel d’offres initial a été lancé en 2015. Le premier sous-marin devait entrer en production à partir de 2023. Mais l’Australie a fait volte-face, rompant le contrat avec Naval Group pour se tourner vers les États-Unis pour la construction de sous-marins à propulsion nucléaire.
D’après le PDG de Naval Group, la décision n’a pas été dictée par la logique commerciale, elle est "absolument politique et stratégique", d’autant plus que Canberra n’avait pas sollicité Naval Group pour des sous-marins nucléaires de classe Barracuda, dernière génération de ce type.
Une semaine après la "crise des sous-marins", Emmanuel Macron et Joe Biden se sont finalement entretenus par téléphone le 22 septembre. Le Président français a décidé que l’ambassadeur de France, rappelé à Paris pour consultations, retournerait à Washington, a
indiqué l’Élysée.
De son côté, le Président américain "a reconnu qu’il aurait pu y avoir plus de discussions avant l’annonce",
a déclaré sa porte-parole Jen Psaki suite à l’entretien téléphonique entre les deux chefs d’État:
L’administration Biden aurait décidé qu'il appartenait à l'Australie de choisir la manière de communiquer avec Paris concernant la rupture du contrat, rapportait la semaine dernière le New York Times, citant un responsable américain qui a requis l'anonymat.
Pour le moment, les relations franco-australiennes restent tendues. Ce jeudi 23 septembre,
Scott Morrison, le Premier ministre australien, a expliqué qu'il avait tenté de joindre Emmanuel Macron, pour l’heure sans succès.
Kevin Rudd, ancien Premier ministre australien, a lui critiqué le comportement du gouvernement actuel. "L’Australie a commis l’erreur de ne pas laisser à la France la possibilité de lui soumettre une autre offre (en partie ou en totalité nouvelle) pour ces appareils nucléaires, alors que l’Hexagone a une longue expérience dans leur fabrication", écrit-il dans les colonnes du Monde le 21 septembre.