Une plainte déposée par Bernard-Henri Lévy pour diffamation contre un journaliste, cofondateur du site Blast, où un article évoquant les liens présumés du philosophe avec le Qatar a été publié en avril, a été déboutée ce 22 septembre, a fait avoir le média.
Qui plus est, Bernard-Henri Lévy a été lui-même condamné à verser 3.000 euros de frais judiciaires au journaliste Denis Robert contre qui il avait déposé la plainte.
Le Monde précise pour sa part que le philosophe a déjà fait appel de ce jugement.
Selon l’article visé par la plainte, le gouvernement qatari avait prévu d’émettre un ordre de paiement d’environ neuf millions d’euros à l’écrivain en 2011. Les journalistes d’investigation derrière cet article insistent avoir appuyé leurs recherches sur des documents en arabe qu’ils possèdent.
Cet ordre de paiement a attiré l’attention des journalistes qui ont cherché à savoir la raison pour laquelle une telle somme aurait pu être versée à BHL. Ils évoquent notamment le rôle joué par ce dernier en 2011 sur fond d’intervention militaire de la France en Libye, décidée par le Président Nicolas Sarkozy, ainsi que de la chute de Mouammar Kadhafi.
L’article rappelle également une rencontre entre le Premier ministre israélien et BHL, qui était également à l’époque "le porte-parole autoproclamé de la rébellion libyenne".
Contacté par Le Monde, BHL n’a pas répondu, toutefois son attaché de presse a fait savoir par mail ce qui suit: "J’ai contacté Mr Bernard-Henri Lévy. Celui-ci n’a jamais eu le moindre contact, d’aucune sorte, avec le Qatar. Tout document qui prétendrait le contraire ne peut être qu’un faux grossier".
Les auteurs de l’article n’insistent pas sur le fait que Bernard-Henri Lévy a reçu cette somme, mais évoquent seulement un document qui montre l’intention des responsables qataris de la lui verser. De ce fait, la plainte de ce dernier a été déclinée, car "aucun fait n’est imputé à Bernard-Henri Lévy autre que l’insinuation qu’il ait pu recevoir de l’argent de la part d’un État étranger, dont les relations avec la France et les investissements dans le pays sont notoires", a mis en valeur le jugement repris par Le Monde.
Les autres personnalités mentionnées
Parmi les autres personnalités qui ont été mises en cause par cet article, figurent aussi Nicolas Sarkozy, Michel Platini et Carla Bruni. Selon les journalistes, des ordres de paiement avec des sommes importantes à leur verser ont aussi été trouvés dans ces documents en arabe.
Les journalistes relatent que, d’après leurs recherches, "une remise supposée" de six millions a été versée à Carla Bruni en 2009.
Enfin, les journalistes de Blast évoquent dans leur article un troisième "ordre de paiement" du ministre qatari des Finances possiblement de décembre 2010. Ils insistent que, selon les documents qu’ils ont consultés, environ neuf millions d’euros ont été demandés par Yousef Hussain Kamal pour être versés au fils de Michel Platini, l’ex-capitaine de l’équipe de France et ancien président de l’Union des associations européennes de football (UEFA).
Pour rappel, le Parquet national financier (PNF) a ouvert en 2019 une information judiciaire pour "corruption active et passive", ainsi que pour recel et blanchiment de ces délits, sur l’attribution par la FIFA de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar en décembre 2010. L’enquête vise à déterminer s’il s’agit d’une simple coïncidence ou des résultats d'un arrangement présumé.