Selon les auteurs, le nouveau système aidera à surveiller la qualité de l’environnement dans les petites villes dépourvues de grands centres météorologiques, mais où existent des problèmes de pollution de l’air. L’étude a été publiée dans la revue Environmental Science & Policy.
Des situations critiques pour la qualité de l’environnement surviennent dans des conditions de mauvais mélange de l’air, c’est-à-dire lorsque des substances nocives et des poussières se concentrent dans l’atmosphère. Ce sont des conditions que les modèles statistiques classiques de surveillance ne savent pas très bien traiter. Dans de telles situations, une approche globale intégrée et des modèles avec des détails jusqu’à quelques mètres sont nécessaires.
En collaboration avec des scientifiques internationaux, les chercheurs de l’université de Tioumen ont développé une approche globale pour une évaluation plus exhaustive de la qualité de l’environnement dans les villes. L’une des principales caractéristiques du nouveau système est la possibilité de travailler "à la demande". Si les grandes villes disposent de moyens pour mettre en place une surveillance continue et des prévisions de la qualité de l’air, les petites villes, où les problèmes peuvent également être graves, n’ont pas les mêmes moyens.
Selon les scientifiques, les lacunes de l’approche traditionnelle deviennent également particulièrement flagrantes dès qu’il s’agit de faire une analyse détaillée de la qualité de l’environnement dans les petites villes. Les modèles utilisés par l’Organisation météorologique mondiale et par le Centre hydrométéorologique russe ne fournissent des informations détaillées que pour des zones de quelques dizaines de kilomètres. Par conséquent, les informations sur la qualité de l’air dans les petites localités peuvent être inexactes ou a fortiori ne pas être disponibles du tout.
"En réalité, le mélange de l’air n’obéit pas aux statisticiens qui utilisent les modèles existants de l’évaluation de la qualité de l’air dans des villes. Dans des situations critiques, cela peut conduire à une mauvaise interprétation et à de fausses actions de la part de l’administration et des habitants", a fait remarquer le professeur Igor Ezau, chargé de recherche au Nansen Environmental and Remote Sensing Center.
Les chercheurs ont proposé des technologies qui utilisent les mêmes principes que les modèles de prévision météorologique, mais qui sont capables de calculer les mouvements de l’air de manière plus détaillée. Les auteurs ont mené une expérience informatique pour Apatity, petite ville dans le nord de la Russie: un modèle avec une résolution détaillée a montré qu’un panache de pollution recouvrait la ville, tandis que le modèle conventionnel indiquait que la pollution, emportée par le vent, allait sortir de la ville.
"La participation de l’Université d’État de Tioumen à ce domaine de recherche offre l’occasion d’étudier les problèmes socio-écologiques du nord de la région de Tioumen à un autre niveau du point de vue de la qualité et de tester nos développements. Nous sommes actuellement en train d’analyser l’état de l’environnement de la ville de Nadym. Cette étude nous aidera à mieux comprendre les facteurs environnementaux les plus importants qui assurent la qualité de vie des personnes qui vivent dans les conditions climatiques difficiles du Nord russe. Tout cela est devenu possible dans le cadre de la mise en œuvre de la subvention commune internationale “Espaces urbains ouverts en tant que facteur du développement durable de l’Arctique dans le contexte du changement climatique”, soutenue par le Fondation russe pour la recherche fondamentale du côté russe", a indiqué Roman Fedorov, chargé de recherche du département de cryosophie du Centre international de cryologie et de cryosophie de l’université d’État de Tioumen.
Les scientifiques ont noté que la surveillance de la qualité de l’air faisait partie du programme des Nations unies pour le développement humain durable dans les conditions de ressources limitées de notre planète. Pour atteindre ces objectifs, l’Organisation météorologique mondiale travaille activement pour mettre en place une approche intégrée globale élargie de l’évaluation détaillée de l’environnement.
Des scientifiques de l’université d’État de Moscou, de l’Institut de physique de l’atmosphère et de l’Institut de cryosphère de la Terre de l’Académie des sciences de Russie, ainsi que des chercheurs de Norvège, de Finlande et de l’Organisation météorologique mondiale ont également participé à l’étude.