«Cassez-vous, les journalistes!», ont intimé plusieurs manifestants contre le pass sanitaire à Limoges ce 17 septembre quand une équipe de France 3 s’apprêtait à filmer le cortège. Ensuite, l’un d’eux s’est approché des caméras et a insisté pour que les professionnels partent ou s’éloignent, expliquant sa demande par le fait qu’ils ne seraient pas des «citoyens» et les accusant d’avoir menti.
Prise à partie, une équipe de la chaîne France 3 Limousin a essuyé de la part de manifestants contre le pass sanitaire des menaces et des insultes. Certains de ces propos ont été filmés par les journalistes. Qui plus est, la direction, qui a fermement condamné ce comportement, a décidé de faire savoir aux téléspectateurs ce qu’il s’était passé lors des mobilisations le 18 septembre.
Entre autres, ont été entendues des injonctions, accusations et menaces telles que «Ta tête à la guillotine!», «Recule, ici on est chez nous» ou encore «Menteurs!» et «Médias, complices!».
Direction et syndicat s’indignent
Le rédacteur en chef de France 3 Limousin, en soutien à ses collaborateurs, a publié une lettre dénonçant les accusations envers les gens qui font leur travail sur place. Il y indique que «pendant plusieurs semaines, les équipes de France 3 Limousin ont essuyé des intimidations, lors des manifestations contre le pass sanitaire».
«Notre rôle de journaliste, est d’observer, d’analyser et de rapporter les faits. […] Personne ne tient notre stylo ou notre caméra quand nous sommes sur le terrain! Ni le ministre de la Santé, ni celui de l’Intérieur afin que nous minimisions le nombre de manifestants dans les cortèges», s’indigne-t-il dans son texte, en réponse aux accusations proférées.
Qui plus est, il s’est dit scandalisé par l'affirmation «c’est chez nous!» et les propos selon lesquels les journalistes ne seraient pas des citoyens. Le rédacteur en chef de France 3 Limousin évoque «le respect de la liberté d’autrui».
«Cette personne, en arbitre des élégances décrète qui est citoyen et qui ne l’est pas; oubliant que le principe cardinal de la citoyenneté, c’est le respect de la liberté d’autrui, mais aussi de la liberté d’information», écrit-il.
Pour sa part, le Syndicat national des journalistes a également fait entendre son opinion, se disant anéanti par un tel comportement à l’encontre des professionnels couvrant les événements.
«Le SNJ, premier syndicat de journalistes, est atterré par l’attitude de certains organisateurs et participants à la manifestation limougeaude contre le pass sanitaire envers les personnes dépêchées sur place par France 3», indique la chaîne en citant le communiqué du syndicat.
La mobilisation anti-pass sanitaire
Née mi-juillet, la mobilisation anti-pass sanitaire semble avoir atteint son pic début août, avec 237.000 manifestants recensés le 7 du mois par le ministère de l’Intérieur au niveau national. Depuis, la tendance à la baisse du mouvement s'accentue, avec 80.000 personnes dont 6.100 à Paris décomptées par l’institution le 18 septembre, lors du 10e samedi de mobilisation.
Tandis que le pass sanitaire obligatoire doit légalement prendre fin le 15 novembre, Emmanuel Macron n'a pas exclu de «lever le pass» dans certains territoires où le nouveau coronavirus circule de moins en moins vite.
En outre, le ministre de la Santé a confirmé samedi 18 septembre un possible allégement des restrictions sanitaires liées à l'épidémie, incluant le pass, dans un contexte de recul des contaminations en France.